Elevages laitiers espagnols : des chiffres qui donnent le vertige
Mercredi 8 février 2012, une cinquantaine d'éleveurs laitiers des Pyrénées-Atlantiques est en route pour la région de Lérida, important bassin de production laitière en Espagne. À l'initiative de l'association des éleveurs Prim'Holstein basco-béarnais, ils doivent visiter deux exploitations, à cheval sur la frontière entre l'Aragon et la Catalogne.
Au cours de leur excursion en Espagne, les membres de l'association Prim'Holstein des Pyrénées-Atlantiques ont pu partager leur goût pour la sélection génétique avec leurs homologues ibériques. © Le Sillon
Cette démarche de découverte fait partie des missions que se sont fixées les responsables de l'association des éleveurs. Depuis plus de quatre décennies, la structure s'attache à promouvoir la race Prim'Holstein. «À l'origine, l'activité de l'association consistait surtout à accompagner la participation des éleveurs aux différents concours départementaux, régionaux ou nationaux», explique Jean-Paul Mourterou, coprésident avec Serge Cruzalèbes. «Aujourd'hui, on essaie aussi de proposer des animations afin de faire découvrir d'autres systèmes et d'informer les producteurs En pratique, tous les éleveurs de Prim'Holstein peuvent adhérer», poursuit-il.
Un lien transfrontalier étroit
Cette sortie en Espagne a été organisée en partenariat avec l'Union Génisse des Pyrénées (UGP). Son responsable, Jean-Denis Pebarthé connaît bien cette région de la péninsule ibérique. Ce bassin laitier se caractérise par la présence d'élevages intensifs de grande tailles. Ils reposent exclusivement sur un système sans pàturage, où l'alimentation fourragère est basée sur l'ensilage de mais et l'ensilage de luzerne. Le quota moyen des exploitations figure parmi les plus élevés d'Espagne.
Au fil du temps, les éleveurs français, et notamment du Sud-Ouest, ont noué des relations étroites avec les homologues espagnols. Ces derniers s'intéressent à la génétique hexagonale et achètent régulièrement des génisses d'élevage en France. Ils sont aussi des habitués des différentes manifestations d'élevage, à l'image du salon Aquitanima qui réunit l'élite bovine du grand Sud-Ouest à Bordeaux. En clair, producteurs français et espagnols disposent de nombreuses préoccupations communes.
Une autre dimension
À Almacelles, les éleveurs basco-béarnais ont pu visiter la ramederia Mari. Cette exploitation compte actuellement cent cinquante vaches et une trentaine d'hectares de parcellaire. Orientés vers la sélection génétique, les éleveurs figurent parmi les leaders de la race en Espagne. Habitués des concours, ils ont créé une société, afin de développer la commercialisation de leurs produits, notamment au travers de la transplantation embryonnaire.
À quelques kilomètres de là , se situe la granja San José. Cette exploitation affiche des volumes de production qui donnent le vertige. Mille sept cents vaches adultes, mille trois cents génisses, vingt-deux millions de litres produits annuellement Deux salles de traite de vingt-huit places chacune fonctionnent en continu. Les animaux sont installés en logettes sur sable, avec un système de chasse d'eau. Ils produisent un peu plus de 13.000 kilogrammes de lait par an, en moyenne (trois traites par jour).
Une ouverture d'esprit
Créée en 1960, cet élevage, propriété de deux frères, est doté d'installations peu communes et emploie plus de trente salariés. Ces derniers sont en train de concrétiser un projet d'extension qui va aboutir à un élevage de trois mille vaches, équipé d'une salle de traite rotative de quatre-vingts places. Des volumes inédits dans l'Hexagone. Pour les visiteurs, de tels modèles de production s'apparentent plutôt à des chàteaux en Espagne.
En revanche, même si les systèmes ne sont pas transposables, la visite de ces exploitations a permis aux éleveurs basco-béarnais de découvrir des conduites et des gestions de troupeau différentes de celles pratiquées de ce côté des Pyrénées. «C'est toujours intéressant de voir d'autres façons de travailler, commente Jean-Paul Mourterou. On peut aussi s'inspirer de quelques éléments et de quelques méthodes de travail». Par exemple, la culture de la luzerne constitue un atout indéniable du système ibérique. À l'heure du retour, tous les participants ont pu témoigner que cette excursion a été très instructive.
Fabien Brèthes