Fertilisation des prairies : un indice d'optimisation
La mesure d'indices de nutrition, de coût modique, permet d'ajuster les apports minéraux aux besoins réels de la végétation. Elle complète idéalement une analyse de sol.
Les analyses de sol apportent des réponses quant à la nature du sol et à la disponibilité des éléments fertilisants. Elles ne renseignent cependant pas sur l'utilisation de ces éléments par le couvert en place. En particulier pour les prairies, l'interprétation des teneurs en P et K données par l'analyse de sol est délicate, par méconnaissance notamment des mécanismes de transfert de ces éléments dans le sol et dans la plante.
Il est toutefois possible de vérifier l'état de nutrition des prairies, et ainsi le besoin éventuel en complémentation minérale, en faisant réaliser un dosage de l'azote, du phosphore et du potassium dans la végétation. En conditions de croissance et de nutrition minérale satisfaisantes, la composition des tissus végétaux présente en effet un équilibre entre ces éléments.
Ce dosage permet le calcul, en laboratoire, d'indices de nutrition et évalue, à posteriori, la disponibilité de ces éléments — qu'ils viennent du sol ou de la fertilisation — et l'aptitude de la prairie à les prélever.L'interprétation des indices et la modification des pratiques de fertilisation qui en découlent, sont à ajuster en fonction des objectifs concernant chaque prairie.
1 Indices phosphore et potasse » Des études réalisées par l'INRA sur des prairies d'élevage un peu partout en France ont montré que moins de 15 % des parcelles suivies étaient déficitaires en P et K. En cas de fertilisation habituelle et régulière de la prairie par des effluents, un apport de PK sous forme minérale peut ainsi être superflu.
Des mesures réalisées dans le département des Pyrénées-Atlantiques pour six prairies sont du même ordre quant à leur conclusion. Les indices relevés sont globalement satisfaisants, et sont d'autant plus élevés que la prairie, en plus de recevoir des effluents, sert de pàture pour le bétail. Ils indiquent que la nutrition PK est suffisante pour le niveau de production permis par les apports azotés.
2 Indice azote » La détermination de l'indice de nutrition azotée demande la mise en place d'un protocole spécifique. Une bande de la parcelle doit en effet recevoir une fertilisation azotée de 100 unités N supérieure aux pratiques habituelles. Le rendement obtenu sur ces deux zones doit être évalué lors des prélèvements d'herbe, ce qui n'est pas nécessaire pour les indices P et K.En cas de manque systématique de fourrages, la mesure de cet indice est toutefois intéressante, pour évaluer l'intérêt d'une augmentation de la fertilisation azotée ou pour tester la réponse de la parcelle à un apport supplémentaire d'azote.Méthodologie des prélèvements
La plupart des laboratoires agronomiques font des déterminations d'indices de nutrition. Le mois d'avril est idéal pour réaliser les prélèvements. Ils sont possibles sur tout type de prairie, à condition qu'elle soit implantée depuis deux ans minimum et qu'elle ait un régime stable de fertilisation (les mêmes apports depuis plusieurs années). Les animaux doivent toutefois être sortis depuis au moins trois semaines.
Les prélèvements sont à réaliser quand l'herbe est à une hauteur comprise entre 20 et 50 cm. Il faut prélever une vingtaine de poignées dans une zone représentative de la prairie, coupées à la cisaille à une hauteur de 4 à 5 cm. L'échantillon doit peser autour de 500 g. En cas d'abondance de légumineuses (plus de 25 % de la végétation), il faudra les retirer de l'échantillon.
Attention, pour l'indice N, il est nécessaire de connaître, en plus, le rendement le jour du prélèvement pour calculer la matière sèche. L'herbe doit être coupée sur une surface connue (50 cm x 50 cm par exemple).Les échantillons sont à amener le jour même au laboratoire ou, si ce n'est pas possible, à congeler immédiatement.
Marie-Claude Mareaux, chambre d'agriculture des P.-A.