Insécurité agricole : la lutte s’organise face à l’inquiétante hausse des délits
Pour renforcer la lutte contre les vols et intrusions dans les exploitations, dont le nombre a, encore, augmenté en 2019, la FNSEA, les JA et le ministère de l’Intérieur ont signé une convention pour faciliter l’échange d’information entre les agriculteurs et la gendarmerie en vue de gagner en efficacité opérationnelle.
Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, s’est rendu le 13 décembre dernier sur deux exploitations finistériennes victimes d’actes d’intrusion, accompagné de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, et de José Jaglin, secrétaire général adjoint de JA. À cette occasion, une convention quadripartite a été signée entre le ministère de l’intérieur, la gendarmerie nationale et les deux organisations syndicales afin de renforcer les liens entre la gendarmerie et les agriculteurs.
Multiplication des délits
La convention complète et renforce une précédente datant de 2014, qui portait essentiellement sur les vols sur les exploitations. Depuis cette date, la multiplication des actes d’intrusions et d’agressions émanant d’associations activistes a en effet nécessité son renforcement afin d’instaurer les conditions d’un échange régulier d’information entre agriculteurs et forces de l’ordre.
Cette convention entend aussi renforcer la prévention en garantissant des diagnostics de sécurité pour les exploitations. Enfin elle donne la priorité aux interventions des forces de l’ordre pour protéger les agriculteurs confrontés à des agressions violentes, avec des enquêtes renforcées. «Rien ne justifie une quelconque intimidation, a martelé Christophe Castaner lors de la présentation du dispositif. Nous devons assurer la sécurité des agriculteurs et les défendre, impérativement».
De leur côté, les agriculteurs, avec à leurs côtés la FNSEA et JA, seront amenés à transmettre les éléments susceptibles d’orienter les actions des gendarmes comme l’identité des exploitations vulnérables ou les périodes à risque et leur permettre ainsi de mieux comprendre les enjeux et les groupes concernés en vue de les démanteler.
Création d’une cellule Demeter
La signature de la convention fait suite à la création, début octobre, de la «Cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole» (cellule Demeter) au sein de la gendarmerie nationale. Celle-ci est destinée à apporter une réponse coordonnée «à l’ensemble des problématiques qui touchent le monde agricole» en matière de sécurité, qu’il s’agisse des actes crapuleux ou des actions de nature idéologique, depuis «les simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole» jusqu’aux «actions dures ayant des répercussions matérielles ou physiques», écrit le ministère de l’Intérieur.
Outre des actions de sensibilisation et de conseils destinées à prévenir la perpétration d’actes délictueux, la cellule a pour mission de coordonner les enquêtes au niveau national. Le ministre de l’intérieur a enfin rappelé que des observatoires départementaux de lutte contre l’agribashing avaient été créés à l’initiative du ministère de l’agriculture.
L’agribashing en rajoute une couche
La présidente de la FNSEA Christiane Lambert a salué «l’aboutissement d’un an de travail» avec la Place Beauvau qui «officialise la mise en relation entre chaque échelon de nos structures respectives». «Je salue le discours ferme de Christophe Castaner pour le respect de l’ordre et de la sécurité publics», s’est-elle également félicitée. Pour les JA, José Jaglin a dit «toute l’importance de s’associer à ce travail, notamment pour répondre à l’inquiétude croissante des jeunes étudiants et stagiaires agricoles qui risqueraient d’être découragés.»
Les vols de matériel et de métal ont connu ces dernières années un rebond, avec, notamment, l’explosion des vols de GPS. Un phénomène aggravé par des actes de nature idéologique d’agribashing pouvant être extrêmement violents, sous la forme notamment d’intrusion dans les élevages, voire d’incendies. Une situation qui a conduit la FNSEA à réclamer que le droit pénal évolue afin que soit créé un délit d’intrusion dans les bâtiments agricoles.