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La croissance française s'est mise en mode résistance

L’année 2015 restera peut-être comme une amorce de reprise, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Le premier semestre pourrait le confirmer, avec des prévisions de croissance de l’ordre de 0,4% par trimestre en 2016.

file-Les ménages français ont continué à consommer cette fin d’année, soutenant la croissance. L’année 2016 devrait confirmer cette tendance.
Les ménages français ont continué à consommer cette fin d’année, soutenant la croissance. L’année 2016 devrait confirmer cette tendance.

«La reprise est lente, graduelle, progressive mais elle est à l’œuvre. Nous aurions pu être plus optimistes s’il n’y avait pas eu les événements du 13 novembre. Oui, les attentats ont affecté l’économie française, notamment à cause des craintes et des incertitudes engendrées. La croissance et la consommation des ménages pourraient donc plier en cette fin d’année mais elles résistent» affirmait Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) le jeudi 17 décembre dans le dernier point de conjoncture de l’année. «Résistance» est du reste le mot choisi par les spécialistes de l’Insee pour qualifier l’économie française en général en ce quatrième trimestre de 2015 et à la veille de démarrer 2016.

L’impact des attentats

La meilleure illustration de ce contretemps est l’indice du climat des affaires (qui synthétise l’opinion des chefs d’entreprise par rapport à leurs activités). En «amélioration» en novembre, il enregistre «une inflexion» en décembre notamment dans le secteur des services comme l’hôtellerie et la restauration. Toutefois, il ne «décroche pas». Cet indicateur du climat des affaires est, du reste, retourné en territoire positif depuis le mois d’août (valeur supérieure à 100, c’est-à-dire que le solde des opinions positives des chefs d’entreprise est supérieur à celui des opinions négatives, une situation qui avait disparu depuis mi-2011). En atteignant le niveau de 102, il est au plus haut depuis quatre ans. Mais bien évidemment, ceci reste très fragile.

Autre infléchissement, celui de la croissance économique en décembre ce qui aboutit à une révision à la baisse de cet indicateur pour le quatrième trimestre de 2015 : d’une prévision de +0,4% prévu en octobre lors du précédent point de conjoncture, l’Insee passe à seulement +0,2%. Pour mémoire, il convient de rappeler que le PIB de la France avait crû de 0,3% au troisième trimestre 2015 contre +0,2% prévu.

Bon démarrage 2016

En revanche, le début de 2016 paraît plus prometteur. «Au premier semestre 2016, on assisterait à une accélération de la croissance, à +0,4% par trimestre. Ce taux serait identique à celui de la zone euro (N.D.L.R. : la croissance française avait pris la fâcheuse habitude d’être à la traîne de cette zone économique dans les trimestres précédents)» indiquait ainsi Vladimir Passeron. «La reprise est enclenchée en France» renchérissait Dorian Roucher, chef de la division synthèse conjoncturelle avant de poursuivre : «La production manufacturière continuerait de progresser modérément d’ici mi-2016».

Lire également : Croissance française : une reprise sous conditions

Les effets négatifs des attentats auraient tendance à s’estomper et la consommation des ménages, après avoir reculé de 0,1% au quatrième trimestre 2015 rebondirait à +0,5 et +0,4% respectivement au premier et deuxième trimestre 2016 (avec une réelle dynamique sur les produits manufacturés et les services marchands). Côté inflation, on enregistrerait «une légère hausse mais resterait très faible d’ici mai-2016», précisait Dorian Roucher.

D’autres bonnes perspectives pour 2016 se font jour en cette fin d’année. Pêle-mêle : le pouvoir d’achat des ménages resterait solide pour ce premier semestre alors que la demande extérieure adressée à la France, couplée à la dépréciation de l’euro, soutiendrait les exportations. L’Insee attend également un signal au niveau des investissements des ménages, qui cesseraient de reculer. Côté entreprises, le taux de marge «augmenterait encore» alors que leur capacité d’autofinancement atteindrait un seuil inégalé depuis 2007 (92%).

Emploi et chômage scrutés à la loupe

La case emploi/chômage reste l’élément de conjoncture le plus scruté par les Français, d’autant que le Président de la République en a fait la condition (l’inversement de la courbe) pour se présenter à un deuxième mandat. Une esquisse de bonne impression semble se dessiner : «L’emploi total ne faiblirait pas au début 2016 et le chômage baisserait légèrement et retrouverait mi-2016 son niveau de mi-2015» écrit l’Insee dans sa note de conjoncture. Ceci ne vaut pas le retournement de la courbe, bien sûr, et il restera à voir le reste de l’année ensuite.

Ce qui paraît en revanche intéressant, c’est que les emplois aidés du secteur public ne sont plus le moteur de la création d’emploi (et c’est vrai pour le deuxième semestre 2015 aussi), le relais étant pris par les emplois marchands et les autres emplois (non marchands, non aidés, non-salariés…). Au premier semestre 2016, 73.000 emplois seraient créés contre 57.000 au dernier trimestre 2015 (69.000 au premier semestre 2015 et 23.000 au deuxième semestre 2014 alors que la France détruisait des emplois fin 2012-début 2013).

Pour ce qui concerne le chômage, on peut constater, pour le premier semestre 2016, des créations d’emplois plus nombreuses que l’augmentation de la population active. De ce fait, le taux de chômage diminuerait à 10,4% de la population active d’ici mi-2016. Il avait atteint 10,6% au troisième trimestre 2015. Là encore, tout reste fragile et il faudra détailler avec attention l’action massive annoncée au lendemain des élections régionales sur la formation des chômeurs (apprentissage au niveau des régions) pour avoir une idée de la suite sur ce sujet.

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