La filière laitière française s’engage à réduire son empreinte carbone
Afin de se prémunir contre les effets du changement climatique et de contribuer à son ralentissement, la filière laitière française s’organise pour répondre aux enjeux environnementaux et savoir en tirer de la valeur pour les producteurs. Tel est l’enjeu de la feuille de route climatique Ferme laitière française.
Le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel), l’Institut de l’élevage (Idele) l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA), et France Conseil Élevage viennent de signer une nouvelle feuille de route climatique Ferme laitière bas carbone. Dans ce document, la filière française de lait s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici 2025 en compensant l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère grâce au stockage carbone dans les sols. Afin de parvenir à cet objectif, un éleveur sur deux devra s’engager dans la démarche d’ici cinq ans et la totalité d’ici 10 ans.
Diagnostiquer pour mieux agir
«La Ferme laitière bas carbone est un outil concret, que chacun des acteurs de notre filière doit pouvoir s’approprier, et c’est là sa force : avancer ensemble, mais dans le respect de la diversité, qui est au cœur de notre filière, de notre France Terre de lait», défend Thierry Roquefeuil, le président du Cniel. À ce jour, plus de 6.500 éleveurs se sont engagés dans le projet.
La Ferme laitière bas carbone accompagne les éleveurs, tout d’abord en leur permettant de réaliser un diagnostic de leur exploitation avec l’outil CAP’2ER. Le premier niveau de diagnostic a pour objectif de sensibiliser, le second, avec une analyse plus poussée, permet d’identifier les marges de progrès qui peuvent être réalisés pour réduire l’empreinte carbone des éleveurs.
Chaque organisme de conseil auprès des éleveurs peut décliner cette feuille de route. Ainsi, dès 2016, le Criel de la Région Centre a formé treize conseillers au diagnostic CAP’2ER. Le Criel a aussi rencontré différents partenaires et éleveurs, afin de les sensibiliser à la problématique. Puis entre 2017 et 2018, 140 diagnostics ont été réalisés, soit 15% des exploitations de la région, sur financement du Cniel et de la Région Centre-Val de Loire. «Le fait de financer les diagnostics ne règle pas tout, mais cela aide les éleveurs», précise Coralie Chazot, du Criel Centre.
En faire un atout commercial
L’entreprise coopérative du Grand Ouest, Laïta, s’est également engagée dans la démarche. 2.000 éleveurs ont déjà reçu le premier niveau de diagnostic, l’entreprise souhaite toucher la totalité de ses 3.000 producteurs de lait de sa zone. De son côté, à la suite de la COP21, le groupe Danone, qui représente 4% de la collecte française, s’est donné comme objectif d’atteindre le zéro net carbone d’ici 2050, à l’échelle mondiale.
En 10 ans, l’entreprise a déjà réduit son empreinte carbone de 42%. 100% des producteurs de lait partenaires, ont été volontaires pour passer le premier niveau de diagnostic CAP’2ER avec les agents de Danone, formés par l’Idele. 700 diagnostics de niveau 1 ont été effectués, la moitié d’entre eux ont aussi passé le niveau 2.
En plus de répondre aux préoccupations environnementales de la société civile, Gilles Durlin, vice-président de la FNPL, voit aussi dans la démarche une manière de retrouver de la valeur pour les éleveurs. «Le marché du lait frais est mature, voir presque saturé, avec beaucoup de références», rappelle-t-il. Pour les industriels, l’aspect environnemental, la qualité ou la provenance de leurs produits, devient de plus en plus un argument de vente. «Demain de nouveaux sujets vont s’installer, c’est à nous de les prendre en main, d’écouter tous les murmures des consommateurs, des industriels, car c’est ce qui va faire la valeur et le prix du lait demain», conclut Gilles Durlin.