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La maîtrise des coûts d'élevage

L'an dernier, le déroulement du pàturage a été suivi sur trois types d'élevages, avec les interventions des agriculteurs (dates des pàtures, des fauches, des apports d'engrais), et leurs préoccupations techniques. Ce printemps, retour chez André Lagaronne, à  Gestas, qui était l'éleveur témoin en système vaches allaitantes.

Pour André Lagaronne, « l'herbe est une priorité », afin d'être le plus autonome possible. Dans cette optique, et pour valoriser au maximum les prairies, plusieurs choix ont été faits. Le premier est de caler, dans la mesure du possible, la mise à  l'herbe des animaux sur le redémarrage de la végétation, en sortie d'hiver. « Les parcelles séchantes près des bàtiments permettent de sortir tôt » explique l'éleveur. Cette pratique de prépàturage précoce, favorable au tallage des graminées et au développement des légumineuses, permet de valoriser une herbe de bonne qualité et très ingestible, en économisant les stocks et les concentrés.
Deux autres orientations, découlant de cette volonté d'utiliser l'herbe, sont privilégiées par les éleveurs : le regroupement des vêlages sur deux périodes de 2 mois, en sortie d'hiver et à  l'automne, et l'élevage des génisses à  l'herbe. Deux périodes de vêlage
La saison de vêlage unique — initialement sur le seul printemps — n'était pas satisfaisante pour valoriser toutes les prairies. « Les deux périodes de vêlage nous facilitent l'exploitation des parcelles éloignées » argumente André Lagaronne. La conduite du troupeau en lots découle de ces périodes de vêlage décalées : des animaux aux mêmes stades physiologiques ont les mêmes besoins, et se comportent de la même façon au pàturage.
Les primipares sont groupées de préférence dans le lot « vêlage d'automne », pour des vêlages courant novembre : une complémentation à  l'auge de ces jeunes mères est ainsi possible si besoin, pour activer la mise à  la reproduction. Leurs veaux, plus petits que s'ils étaient nés en sortie d'hiver ou que ceux des vaches plus àgées, facilitent les vêlages (toujours à  risque pour des primipares) et forment un lot homogène.
Le lot « vêlage de printemps » est majoritairement composé de multipares. Les vêlages pour ce lot sont encore étalés de mi-février à  mi-mai, avec volonté de les recentrer sur les mois de février et mars (cf. plus loin). Élevage des génisses à  l'herbe
Pour André Lagaronne, il est important de tester la capacité des génisses à  valoriser l'herbe en phase de croissance : « l'objectif est d'avoir des animaux autonomes capables de valoriser des UF économiques (= l'herbe pàturée). C'est aussi un gage de longévité des futures mères : à  l'herbe, le potentiel de production laitière des jeunes femelles est favorisé par une croissance moins rapide qu'avec une ration plus énergétique : le pis s'engraisse moins, au bénéfice du tissu mammaire ».
Autre avantage, non négligeable aux yeux de l'éleveur : la notion de rusticité : « les animaux élevés à  l'herbe sont à  la fois plus résistants au niveau sanitaire et moins sensibles à  la “fonte” (perte d'état corporel) après le vêlage ou lors des périodes de transition ou de sous-alimentation ».
M. Lagaronne a donc choisi de trier ses génisses en commençant au printemps de leur première année, en privilégiant les croissances. Les bêtes écartées au premier tri sont vendues en vif. Sont conservées celles qui ont le meilleur indice de croissance en sortie d'hiver. Ayant bien valorisé la ration hivernale (foin, luzerne enrubannée, mais aplati et mash protéique), elles sont supposées pouvoir utiliser au mieux l'herbe ; les kilos de croît seront alors économiques.
Elles seront ultérieurement triées une seconde fois, après le vêlage. Les moins « intéressantes génétiquement » seront vendues en vaches grasses à  30 mois, les autres étant destinées au renouvellement du troupeau. « Je peux évaluer ces performances gràce au Contrôle de croissance. Les pesées trimestrielles, jusqu'aux 24 mois des génisses, me donnent des repères réguliers par rapport à  la courbe de l'objectif souhaité (600 kg de poids vif à  24 mois) ». Conduite du troupeau/alimentation
L'objectif est que les mères aient du lait pour nourrir leur veau jusqu'à  2 à  2,5 mois. Ensuite, le veau est autonome. L'herbe est distribuée toute l'année : sous forme d'ensilage, à  volonté, l'hiver, en pàture ou enrubanné l'été. L'ensilage de mais, complément de la ration hivernale des vaches, reste distribué pendant toute la saison de pàturage, à  hauteur de 5 kg brut par vache (soit environ 2 kg de MS). Le foin est lui toujours à  disposition.
Riche en énergie et bon complément de la valeur azotée de l'herbe, le mais permet aux mères d'assurer une production laitière suffisante, aucune « tante » n'étant là  pour suppléer une lactation qui serait déficiente. Ce choix permet d'éviter les transitions alimentaires forcées, liées aux retours de périodes de mauvais temps en début de saison de pàturage : « les jeunes veaux sont très sensibles aux variations de la teneur en azote des laits, dues à  ces allers-retours entre un pàturage d'herbe humide, un régime foin sec, etc. et causes de diarrhées : le mais ensilage et le foin tamponnent les limites de l'herbe de printemps ! ». Passé ce pic de pousse au printemps, l'herbe, plus fibreuse et moins riche en azote, est plus facile à  gérer. En période de moindre disponibilité d'herbe (août), les vaches reçoivent de l'enrubanné de RGI/vesce, cultivé en dérobé.
Quelle que soit leur période de naissance, les jeunes màles restent en bàtiment et sont sevrés à  4 à  5 mois. Pour les femelles, la conduite en intérieur est maintenue, mais seulement au premier àge (de 0 à  2 mois) : « ça nous permet de limiter les accidents de croissance et d'élevage des futures génisses ». Elles suivent ensuite les mères à  la pàture, dès qu'elles sont autonomes au niveau alimentaire, et sont sevrées plus tardivement, vers 7 mois (et plus de 280 kg). En particulier pour les génisses d'automne, le sevrage a lieu juste après la deuxième pesée, en début d'été. Selon André Lagaronne, « après le pic d'herbe, le sevrage se passe mieux ». En conclusion
André Lagaronne « ne cherche pas la performance maximale de croissance. Élever des génisses est un investissement sur l'avenir. Ce qui m'intéresse c'est de le faire selon trois principes : maîtriser les coûts de production, avoir des futures vaches performantes en terme de productivité économique, et commercialiser des réformes de plus de 530 kg carcasse, bien conformées. Contrôler cet investissement par la pesée me permet de grosses économies sur le poste alimentation. Pour moi, le contrôle de performances est une dépense indispensable ! ».
Sur cette exploitation, le plan de rationnement est, de fait, fonction de la pousse de l'herbe et des contraintes climatiques, les fourrages secs et le concentré étant les variables d'ajustement.
Il importe donc pour l'éleveur, pour bien conduire ses génisses à  l'herbe, de gérer des lots d'animaux de poids et de croissance homogènes, de leur mettre à  disposition des fourrages de qualité (stade et conservation), de ne pas créer de stress (sevrage, transitions alimentaires violentes) lors des fortes pousses d'herbe, de contrôler régulièrement leur croissance par la pesée, de suivre un plan sanitaire strict (déparasitage douves, strongles). Au final, « je ne conserve que les animaux qui ont un bon IC, c'est un vrai choix génétique rentable ! ». Pour M. Lagaronne, « la valorisation de l'herbe est en soi très simple, mais il faut en permanence réajuster le tir ». Marie-Claude Mareaux
Chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques
Avec la participation financière du fonds européen Feader L'exploitation en bref
Rappel des chiffres de l'exploitation :
- Siège en plaine, sur le lit du gave (parcelles ensoleillées, mais à  fortes amplitudes thermiques)
- 45 vaches allaitantes + les génisses de renouvellement
- 50 ha de SAU, dont 15 ha de mais ; le reste est en prairies, dont 12 ha, plutôt séchants, sont situés autour des bàtiments
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