La profession agricole rend un hommage unanime à Jean-Michel Anxolabéhère
La disparition brutale du président de la chambre d
On ne croisera plus sa grande silhouette dans les couloirs de la maison de l’agriculture à Pau. On n’entendra plus son rire puissant et joyeux, ni son accent « euskara », reconnaissable entre tous… Jean-Michel Anxolabéhère s’est éteint dimanche à l’âge de 46 ans, emporté par une crise cardiaque. L’annonce de son décès a fait l’effet d’un véritable séisme, dans les Pyrénées-Atlantiques et au-delà. Aujourd’hui, les agriculteurs basques et béarnais pleurent l’un de leurs plus ardents défenseurs. Le monde agricole perd une figure emblématique.
Les hommages sont tous unanimes. À la hauteur du choc ressenti dans les campagnes. Ainsi, le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture, Guy Vasseur, évoque « un homme engagé, dévoué à la cause agricole, portant haut les couleurs de son territoire et de l’agriculture de montagne dont il était natif ». Il souligne également que Jean-Michel Anxolabéhère « défendait avec une grande énergie les intérêts de l’agriculture de son département mais au-delà au niveau régional. Au niveau national, son expertise des dossiers était un précieux atout, lorsqu’il siégeait aux sessions et aux commissions de l’APCA ».
« Un défenseur acharné du monde agricole »
Le ministre de l’agriculture a, lui aussi, réagi à la terrible nouvelle. « Je salue en lui l’homme de terrain, de conviction, d’action et de dialogue. Il a su porter la fierté et les valeurs du Pays basque dont il est originaire, tout en étant un excellent porte-parole de l’agriculture du département des Pyrénées-Atlantiques, dans toute la diversité qui en fait la richesse. Nous avons travaillé en commun sur de nombreux dossiers, qu’il a fait avancer avec une grande maîtrise technique et une approche toujours pragmatique et constructive ». Stéphane Le Foll gardera en mémoire « son dévouement, son sens de l’accueil et sa grande humanité ».
Le président de la FNSEA est également très affecté par cette disparition : « Jean-Michel va nous manquer terriblement ». Pour Xavier Beulin, « il incarnait plus que quiconque cette volonté de réunir plutôt que d’opposer, de rassembler les compétences et d’assumer les différences. Très attaché à sa terre basque, à son histoire, à sa culture, à ses traditions, à son identité, il voulait que l’inauguration de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques, le 7 mai prochain, soit un moment de rassemblement tourné vers l’avenir, vers le progrès. Je garderais de Jean-Michel la gentillesse, le sourire, l’attention portée à son interlocuteur ».
À l’annonce du décès de Jean-Michel Anxolabéhère, par le préfet des Pyrénées-Atlantiques Pierre-André Durand lors du congrès départemental des sapeurs pompiers, Jean-Jacques Lasserre, président du conseil départemental, s’est dit « sous le choc ». Il évoque « un homme courageux, qui avait le sens des responsabilités. C’était un défenseur acharné du monde agricole, un monde dans lequel il était très investi ».
Dans un communiqué, le président du conseil régional Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente, Alain Rousset, dit garder « le souvenir d’un homme chaleureux et accessible qui a forgé ses convictions sur une terre qui conjugue rudesse et exigence. Il avait à cœur de promouvoir les intérêts des agriculteurs au sein d’un territoire marqué par une grande diversité et un évident dynamisme, quels que soient les secteurs ».
Jean-Michel Anxolabéhère, né en 1969 à Cheyenne (États-Unis), était président de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques depuis 2007, et président de l’Association des chambres d’agriculture des Pyrénées. Parmi ces nombreux engagements syndicaux, il fut notamment président du canton de Saint-Étienne-de-Baïgorry, président de la section Pays basque, vice-président de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques, ou encore président de la Fédération régionale ovine d’Aquitaine. Ses obsèques auront lieu ce samedi 30 avril à 15 h 30 en l’église de Saint-Étienne-de-Baïgorry.
Yannick Allongue
- Hommages -Fauché dans la fleur de l’âgeLa nouvelle est tombée brutalement dimanche matin 24 avril : Jean-Michel Anxolabéhère, agriculteur à Saint-Etienne-de-Baïgorry, s’est éteint dans son sommeil. Nos premières pensées sont bien évidemment pour sa maman, Cécile, sa compagne, Julia et Elaia, leurs filles et Anne-Marie, sa sœur. Installé à la maison Katalinainea en 1988 à l’âge de 19 ans, il se lance avec passion et détermination dans le métier avec le souci de développer au mieux l’exploitation de montagne, transmise par ses parents. Très vite, il prend conscience que la défense des intérêts des agriculteurs passe par l’action collective et, selon ses propres mots, « il voulait être acteur de son avenir ». Dès 1990, pour affronter la crise du prix du lait, il s’engage en tant que délégué syndical représentant les producteurs du secteur de Baïgorry à la fromagerie des Chaumes puis devient président de l’intersyndicale. Très rapidement, ses talents de combattant, de fin stratège et ses convictions bien arrêtées l’amènent naturellement à prendre des responsabilités au sein du syndicalisme à vocation générale. Il rejoint alors les rangs de la FDSEA avec pour motivation la défense des intérêts des agriculteurs et la reconnaissance de l’agriculture de montagne. Élu pour la première fois à l’âge de 32 ans en 2001, il devient président de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques en 2007 et se voit en toute confiance, grâce à un travail assidu et acharné, reconduit par ses pairs lors de l’élection de 2013 pour représenter les agriculteurs et les intérêts agricoles du département. Pour Jean-Michel, son engagement au sein de la chambre consulaire lui permet de poursuivre son action et d’accéder à diverses instances départementales, régionales et nationales afin de porter haut et fort les spécificités de notre territoire. Dès son arrivée aux responsabilités, Jean-Michel a su, d’une part, faire partager sa vision pour le développement de l’agriculture départementale et d’autre part, fédérer autour de lui une équipe d’élus et de collaborateurs au service de la profession. Le bureau de la chambre d’agriculture Un défenseur avisé de notre agricultureCela fait plus de 20 ans que, avec Jean-Michel, nous menions ensemble le combat syndical sur le Pays basque, d’abord, puis à l’échelle du département, de la région et du national. Nous partagions les mêmes valeurs, la même vision de notre agriculture dans son territoire. Le parcours de Jean-Michel incarne parfaitement notre volonté de défendre l’agriculture du Pays basque, le métier d’agriculteur, en utilisant pleinement la force du réseau professionnel de la FNSEA tout en veillant également à conserver une représentation de cette agriculture dans un cadre institutionnel. Les témoignages des personnalités professionnelles et politiques départementales, régionales et même nationales sont là pour en attester. Jean-Michel a ainsi été le premier président basque de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques, mais il a été élu à cette fonction pas du fait qu’il soit basque, mais bien parce qu’il en avait démontré les capacités. Bien sûr, il a pleinement assumé cette fonction en y amenant un renouveau, une certaine fraîcheur liée à son âge et à son caractère. Car du caractère, il n’en manquait pas, forgé sur son exploitation difficile du quartier Belechi aux côtés de ses parents. Il ne manquait pas de rappeler que sa place était sur sa ferme Katalina auprès de ses deux filles Julia et Elaia, peut-être les seules personnes à le faire céder facilement. Son exploitation accrochée sur son pan de montagne lui permettait de se ressourcer car son métier premier restait bien berger. Jean-Michel a toujours veillé à rester acteur de la vie de son quartier, de sa vallée, son village. Il puisait en partie son énergie et sa force de ces relations ou de son contact avec son entourage. Malgré toute notre peine, nous sommes heureux et fiers d’avoir connu un tel homme et d’avoir pu œuvrer à ses côtés. Patrick Etchégaray et Jean-Pierre Goïty, Une perte inestimable pour nous tousDimanche, peu après midi, le temps s’est arrêté pour moi sous l’effet du choc de l’annonce du décès brutal de Jean-Michel. Comme beaucoup de ses proches, impossible dans un premier temps de réaliser que notre ami, si fort tant physiquement que mentalement, avait pu s’éteindre comme cela. En nous retrouvant dans l’après-midi, cette sensation a peu à peu laissé place à un sentiment de vide incommensurable. Jean-Michel était un meneur charismatique, syndicaliste dans l’âme. C’est tout naturellement vers la FDSEA qu’il s’est tourné pour mener ses premiers combats, vite après son installation. Ses domaines de prédilections ont été la filière ovine et la montagne. Son expertise en la matière a été reconnue au plus haut niveau. Son influence et son insistance ont permis une réelle reconnaissance de nos spécificités basques et béarnaises. Il a entre autre joué un rôle majeur dans la mise en place du plan de soutien à l’économie de montagne et plus récemment encore dans la négociation sur la nouvelle PAC, tant pour la refonte de l’ICHN que pour l’aide ovine. Lors de sa prise de fonction à la tête de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques, il a su néanmoins démontrer toute sa capacité à s’imprégner de l’ensemble des problématiques agricoles de notre département et à défendre les intérêts de tous nos territoires. Travailleur acharné, il a piloté avec brio notre établissement consulaire, grâce à une vision juste de notre métier, en s’appuyant sur une équipe de responsables et collaborateurs proches. Jean-Michel n’accordait pas facilement ni rapidement sa confiance, car pour lui elle avait une valeur. Mais une fois qu’il la donnait, elle était alors inébranlable. J’ai eu la chance d’avoir, je crois, sa confiance. Cela aura été pour moi un véritable plaisir de travailler à ses côtés dans une complicité et une complémentarité inestimables. Homme de caractère, droit, sanguin juste ce qu’il faut, Jean-Michel ne laissait jamais indifférent. Ce qui à nos yeux faisait ses qualités pouvait vite devenir un défaut pour ses contradicteurs, mais jamais il ne déviait de sa route. Il a toujours été fidèle à ses valeurs, son identité basque, ses traditions et sa vallée, même quand certains voulaient le « marginaliser » sur son propre territoire. Enfin, l’heure est aujourd’hui au recueillement et nos premières pensées vont à Marie sa maman, Julia et Elaia ses filles adorées et Cécile leur maman. Tu ne te doutes pas de l’ampleur de la peine, du vide que ton départ nous cause et cause à l’ensemble de la profession, Jean-Michel. Pour une fois, les mots me manquent à l’heure de te dire adieu… Bernard Layre, président de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques |