L’accès à l’eau pour l’irrigation, un dossier qui patauge
La nécessité de l’irrigation et l’accès à l’eau étaient le thème de la table ronde organisée lors du 70e congrès de la FDSEA des Landes qui s’est tenu à Montaut le vendredi 6 janvier.
L’année 2016 restera marquée par la forte baisse du revenu des agriculteurs landais. Un ensemble d’éléments conjoncturels et structurels sont la cause de cette année noire. L’influenza aviaire, la crise laitière et celle de la viande bovine, le recul des soutiens accordés par la PAC… ont eu une forte incidence économique. À tout cela, s’est ajoutée la sécheresse inédite depuis des dizaines d’années qui a sévèrement touché l’ensemble des productions végétales du département.
Socle de nombreux systèmes, le maïs a une influence directe sur la santé des exploitations landaises. En 2016, les mauvais résultats enregistrés sur la culture s’expliquent surtout par des rendements en berne dans les cultures non irriguées. Cette campagne 2016 a montré une nouvelle fois l’importance du recours à l’accès à la ressource en eau, élément primordial pour sécuriser le revenu de l’agriculture landaise.
«Eau et urgence»
Henri Tandonnet, sénateur du Lot-et-Garonne, rapporteur de “Eau et urgence”, Paul Carrère, président de l’institution Adour et conseiller départemental, Jean-Luc Capes, responsable eau de la FNSEA ainsi que Thierry Vigneron, représentant de l’État en l’absence du préfet Frédéric Périssat, étaient donc invités à débattre sur ce large dossier. Après avoir fait un tour d’horizon du climat actuel en France, Henri Tandonnet a livré les principaux axes de son rapport.
«La France n’est plus le pays de l’eau, comme on pouvait le dire avant. Ses usagers et sa consommation sont différents. Sa gestion est donc essentielle. Au niveau national, le débat doit être élargi avec une concertation globale. Tout le monde doit y être sensibilisé. Il faut mettre en place une politique de l’eau cohérente». Jean-Luc Capes s’insurge de ne plus voir aboutir les projets de retenues en eau. «Sur 56 projets présentés, seulement 10% d’entre eux ont vu le jour. Entre levée de moratoire et instructions paralysantes, la situation patine. Pourtant, l’enjeu est de taille pour la survie de notre agriculture. Depuis plus de dix ans, les dossiers pataugent».
La survie de notre agriculture
Le responsable du dossier à la FNSEA a interpellé directement le représentant de l’État et Paul Carrère sur ce dossier. «Il y a des restrictions alors qu’il y a du potentiel de création de ressources. Aujourd’hui, il est urgent de définir les étapes et de dresser un calendrier!». Le conseiller départemental est d’accord. «In fine, on peut porter des projets mais il y aura toujours un élément qui bloquera le dossier : une contrainte environnementale, des personnes pas d’accord… aujourd’hui, le dossier est très complexe». Ce dernier a tout de même tenu à apporter un éclairage sur la ligne de conduite de l’institution. «Notre axe est de partager l’eau entre les départements et de démontrer de A +B qu’il faut des ressources avec un schéma clair».
La surenchère administrative et financière qui bloque les dossiers irrite toute la profession. Ainsi, François Lesparre, animateur de la table ronde, a livré son ressenti. «Depuis une quinzaine d’années, l’immobilisme de l’État nous bloque. D’où viennent les verrous, d’où?» insiste-t-il. Thierry Vigneron a affirmé souhaiter trouver des moyens pour engager des choses et développer des projets structurants.
Le seul espoir des syndicalistes est donc d’avancer sur ces situations de blocage et d’inflation. «Dans l’avenir, si aucune réponse n’est apportée, cela va être très compliqué pour la survie de notre système», alerte une nouvelle fois Jean-Luc Capes. Les témoignages de l’assistance ont étayé les débats de cette table ronde. François Lesparre, a enfin clôturé le débat avec le sentiment, «de rester sur sa faim à la fin de cette discussion».
Baptiste Ducasse