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L’agriculture de Nouvelle-Aquitaine s’inscrit au cœur des débats et de la modernité

Durant 3 jours, la Semaine de l’agriculture Nouvelle-Aquitaine a proposé dix débats 100% numériques pour éclairer sur les évolutions et les engagements du monde agricole. Environnement, climat, alimentation : la profession a des solutions à proposer et est prête à relever tous les défis, d’autant que la crise sanitaire semble avoir éveillé les consciences du grand public.

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L’événement était attendu, il aura tenu toutes ses promesses. Pour cause de crise sanitaire, le traditionnel Salon de l’agriculture Nouvelle-Aquitaine, organisé au parc des expositions de Bordeaux-Lac en parallèle à la Foire internationale, a été transformé, cette année, en une Semaine de l’agriculture 100% digitale, du 18 au 20 mai. Pendant trois jours, dix débats se sont succédé, entre experts scientifiques, agriculteurs, décideurs politiques (lire par ailleurs).

Par sa forme, par les thèmes abordés, une nouvelle dynamique a été lancée. Le monde agricole s’est positionné comme vecteur de solutions face aux défis environnementaux et climatiques, sans pour autant négliger sa fonction première, nourrir les populations. «Il faut produire sans détruire les écosystèmes qui nous entourent, comme les forêts ou les zones humides, tout en défendant les espaces agricoles existants», a expliqué Gilles Bœuf, biologiste.

Le monde agricole doit jouer les équilibristes et trouver un autre modèle. «Il faut une agriculture diversifiée pour maintenir une biodiversité riche», appelle Michel Métais, ancien directeur de la Ligue pour la protection des oiseaux. «Il y a autant d’agricultures que d’agriculteurs, à chacun de se réapproprier les solutions techniques qui existent, rotation des cultures, couvert végétal…», ajoute Luc Servant, président de la chambre d’agriculture de Charente-Maritime.

Des pratiques qui ne sont pas incompatibles avec l’environnement. En particulier sur le territoire de la Nouvelle-Aquitaine, dont la multiplicité des sols et des climats offre un vaste potentiel de production. «L’agriculture locale, de terroir, a un impact positif sur les ressources naturelles environnantes, sur l’entretien des paysages de nos territoires», insiste Michel Métais. La transition en cours est donc incitée à s’accélérer.

Des énergies

La Terre et le changement climatique, eux, n’attendent pas. «Le réchauffement est là, on a déjà augmenté d’un degré, et le retour en arrière n’est pas possible. Mais il va falloir faire au mieux et optimiser toutes nos actions pour au moins limiter ce réchauffement», avance Hervé Le Treut, climatologue. La filière agricole dispose des moyens pour rejoindre ce mouvement, comme l’exprime Bernard Layre, président de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques. «On a évolué. On a besoin de temps pour adapter certaines mesures, mais la transition est en cours. L’agriculture a toujours su s’adapter», plaide-t-il.

Parmi les sujets en lien direct avec ce nouveau contexte, l’eau. «Le changement climatique, c’est aussi une évolution dans la répartition de la pluviométrie. On a parfois trop d’eau, parfois pas assez, d’où la solution de la captation», pointe du doigt Alain Dupuy, hydrogéologue. «On peut avoir une eau retenue en surface, dans des cuvettes. Mais on travaille aussi sur des prototypes de retenues “fuyantes” en Lot-et-Garonne. L’idée est de stocker l’eau et de la restituer aux nappes, de l’aider à s’infiltrer», continue-t-il. C’est de la recherche que de nouvelles solutions pourront émerger.

Mais l’agriculture est aussi capable de protéger la biodiversité, de produire de la biomasse pour capter le carbone, et de produire des énergies renouvelables.
Déléguée biométhane sur la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie pour GRDF, Séverine Eliot a ainsi présenté la solution du biogaz. «On a déjà douze sites de méthanisation qui injectent dans le réseau en Nouvelle-Aquitaine, l’équivalent de la consommation de 30.000 logements. Une centaine d’autres sont prévus, et s’ils vont tous au bout, cela correspondrait à 10% de la consommation régionale», met-elle en avant.

Mieux se comprendre

La méthanisation, une activité avec un fort intérêt agronomique, permettant de traiter les déchets, d’obtenir un engrais organique naturel (le digestat), et de diversifier les revenus de l’exploitation. De quoi garder espoir dans l’avenir. Mais quel que soit le projet, rien ne pourra se faire sans l’adhésion de tous. C’était tout le sens du débat organisé le mardi 18 mai, “Bien vivre ensemble”, ou comment réunir des populations qui ne se parlent plus.

«Le terme “agribashing” est récent. C’est le fait de peu de monde. Il y a une opinion positive de l’agriculture dans la société qui ne correspond pas à la violence des propos de certains groupes très actifs. Ceux-ci trouvent un relais dans les médias car il est plus facile de relayer des préoccupations qu’un propos positif de soutien», note Brigitte Laquièze, membre de l’Académie d’Agriculture de France. Difficile alors de sortir de cette boucle infernale.

Pourtant, le monde agricole est disposé à ouvrir une nouvelle page. La décision de maintenir le salon régional sous cette forme digitale très ouverte sur le grand public et les réseaux sociaux le prouve. Le credo est simple : si le message est clair et transparent, la société est prête à l’écouter. L’agriculture, celle qui nourrit la population, à une carte à jouer. «Nous prônons le dialogue plutôt que le conflit permanent», assure Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Encore faut-il que les interlocuteurs soient prêts à écouter. «Je dissocie le questionnement de la société et l’agribashing au nom d’une militance. Il y a des ONG, violentes et caricaturales, avec lesquelles nous ne pourrons jamais discuter.»

«Dans les salons comme à Paris ou Bordeaux, mais aussi dans de plus petites foires, dans les marchés, sur nos exploitations, chaque rencontre avec le grand public doit être utile pour un échange apaisé. Si un riverain se pose une question, il faut qu’il trouve un agriculteur pour lui répondre. Un riverain qui est prêt à nous écouter et à nous comprendre, c’est un porte-parole demain», termine Christian Daniau, président de la chambre d’agriculture de Charente.

Sylvain Desgroppes

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