Lait de vache : le prix de nouveau en discussion
L'accalmie consécutive à la table ronde nationale du 10 octobre aura été de courte durée: partout en France les producteurs ont entrepris des démarches auprès des laiteries pour réclamer une hausse de 29€/1.000 litres.
Les responsables de la section lait de la FDSEA 64 ont entrepris leur tournée de
rencontres auprès des entreprises. Première étape à 3A. © Le Sillon
rencontres auprès des entreprises. Première étape à 3A. © Le Sillon
L'accalmie n'aura duré que quelques semaines. L'ensilage terminé et les factures annonçant leurs payes reçues, les éleveurs laitiers se sont aperçus que certaines laiteries avaient oublié quelques euros dans le compte. Leur réaction ne s'est pas fait attendre dans plusieurs départements: le mardi 29 octobre, à Serques dans le Pas-de-Calais, des éleveurs organisaient une conférence de presse pour dénoncer les prix pratiqués par Danone. Au même moment, des éleveurs laitiers bloquaient un camion Terrena à Angrie (Maine-et-Loire) qui collectait le lait d'un éleveur qui émarge chez Lactalis (les deux entreprises ont des accords de collecte).
Dans notre région aussi, la tension monte. On se souvient que le 10 octobre, les acteurs de la filière laitière avaient été réunis par le ministre de l'agriculture: le médiateur Francis Amand avait alors affirmé que les entreprises étaient tenues de «respecter les contrats» signés avec les producteurs. La section laitière de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques avait donc fait savoir qu'elle allait rencontrer toutes les entreprises pour leur rappeler les recommandations du médiateur.
Demande une hausse de 29€/1000 litres
Ce lundi 4novembre à Lons, une délégation était reçue par le président de 3A, Thierry Lanuque. Une nouvelle fois, le responsable de la section laitière des Pyrénées-Atlantiques, François Lavigne, a rappelé les revendications de la section et plus généralement de la FNPL: à savoir, l'application de la hausse de 29€/1000 litres pour 2013 ainsi que la prise en compte de l'évolution des coûts de production pour 2014. Les membres de la section ont insisté sur le besoin de lisibilité des producteurs à moyen terme et sur la nécessité de perspectives pour le renouvellement des générations et le maintien de la production laitière dans notre région.
En réponse à ces diverses interrogations, le président de 3A s'est expliqué sur la politique de prix pratiquée durant l'exercice. Compte tenu de la situation des marchés, «le prix d'atterrissage» pour l'année 2013 à 3A sera de 335€/1000 litres. Un prix au-delà duquel il est difficile d'aller, argumente M. Lanuque, car 3A est essentiellement positionné surtout sur le marché français des PGC (produits de grande consommation). Le groupe ne profite donc pas autant que d'autres, de l'actuel développement du marché international.
Quant à l'augmentation pour 2014, «notre rôle est d'aller chercher un maximum d'augmentations auprès des GMS afin de pouvoir les répercuter aux producteurs: on verra combien on peut décrocher» indiquait le président de 3A, sans s'engager ni sur un montant d'augmentation, ni sur une quelconque indexation des prix sur l'évolution des coûts. Le président de 3A affirmait aussi que les entreprises de transformation, elles aussi, sont victimes de la guerre de prix que se livrent les enseignes de la grande distribution.
Un recul alarmant dans le Sud-Ouest
Quant à l'avenir de la filière dans le bassin de l'Adour et dans le Sud-Ouest, la question du prix est bien évidemment cruciale mais d'autres facteurs (humains, sociaux) doivent aussi être pris en considération: Thierry Lanuque s'inquiétait ainsi du recul des volumes dans le Sud-Ouest alors que la collecte progresse sensiblement dans de nombreuses autres régions françaises. Un sentiment également partagé par les producteurs, lesquels attendent toutefois des réponses précises sur la question du prix.
François Lavigne donnait donc rendez-vous au président Lanuque pour la réunion nationale du CNIEL (comité national interprofessionnel) du 12 décembre prochain. D'ici là , le président de la section des Pyrénées-Atlantiques espère avoir rencontré les représentants des autres entreprises.
Guy Mimbielle