Les agriculteurs ont le moral en berne
Les agriculteurs sont plus nombreux à juger la situation financière de leur exploitation «mauvaise» que «bonne». Interrogés du 7 au 15 mars, 7% d'entre eux ont même déclaré l'estimer «très mauvaise» et 26% «mauvaise», selon un baromètre de conjoncture agricole réalisé par l'Ifop pour la FNSEA, paru le 3 avril.
Les agriculteurs qui déclarent connaître des difficultés « importantes » pointent les charges d'exploitation, le poids de la réglementation environnementale et sanitaire, les prix ou encore la diminution des aides. © Réussir
Les agriculteurs les plus pessimistes se comptent parmi les horticulteurs, les éleveurs bovins et laitiers, de porcs ou de volailles affichent leur morosité. Ceux-là sont principalement originaires de Bretagne, de l'Auvergne, du Limousin, de Midi-Pyrénées, de Provence-Alpes-Côte d'Azur, du Languedoc-Roussillon, d'Aquitaine et du Poitou-Charentes.
La moitié des exploitants (49%) juge cependant leur situation «acceptable» et 25% la considèrent même «bonne», principalement des viticulteurs et des exploitants de grandes cultures (céréales, colza). Les plus optimistes se trouvent en Champagne-Ardenne, en Alsace et en Lorraine et disposent en moyenne de surfaces supérieures à 100 hectares.
Un avenir qui inquiète
La situation ne s'arrange pas quand il s'agit de se projeter dans l'avenir: 42% des exploitants interrogés estiment en effet que leur situation sera «moins favorable» dans les 2 à 3 prochaines années, indique l'Ifop. Parmi ceux-ci, on trouve notamment des proches de la retraite (60 ans et plus), les grandes cultures — qui ont connu une année 2012 exceptionnelle — et à nouveau les éleveurs (bovins, ovins, caprins).
Pour ce printemps 2013, les perspectives économiques «sont relativement mauvaises»: «Les exploitants de Bretagne, de la Champagne à l'Alsace, de Bourgogne, Franche-Comté, Centre et de Midi-Pyrénées manifestent des prévisions négatives au contraire des exploitants de Rhône-Alpes et d'Aquitaine, Poitou-Charentes, relativement optimistes sur l'évolution de leur situation financière à court terme», selon le baromètre. Plus de 20% s'attendent à une détérioration dans les trois mois, un chiffre en hausse de deux points par rapport au précédent baromètre en octobre. Plus d'un tiers des agriculteurs interrogés (35%) déclare par ailleurs avoir récemment connu des difficultés «importantes».
Le poids des charges, des normes
Les éleveurs de bovins lait, de bovins, ovins, caprins et les agriculteurs de Bretagne et du Sud-Ouest pointent en premier lieu les charges d'exploitations, les cultures spécialisées et les viticulteurs mettent en cause le coût du travail. Le climat, le poids de la réglementation environnementale et sanitaire, les prix, la concurrence étrangère et la diminution des aides pèsent aussi sur les exploitants.
Cependant, malgré l'ampleur des difficultés, 88% des agriculteurs n'envisagent pas de cesser leur activité dans les douze prochains mois. et pour les 12% restant, localisés essentiellement en Auvergne, dans le Limousin et la région Midi-Pyrénées, la raison d'une éventuelle cessation de leur activité serait liée aux difficultés financières «trop lourdes» sur leur exploitation.