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Les JA veulent reprendre la main sur la distribution pour récupérer la valeur ajoutée

Lors d’un colloque organisé par Coop de France et les Jeunes agriculteurs (JA), le 24 mars, intitulé «Agriculture et distribution», le syndicat des JA a clairement exprimé sa volonté de reprendre la main sur les circuits de distribution afin de maximiser la valeur ajoutée. Pas si simple dans les faits.

file-Lors du colloque, les Jeunes Agriculteurs et Coop de France ont réfléchi sur les moyens dont les exploitants disposent pour conserver la valeur ajoutée de leurs produits.
Lors du colloque, les Jeunes Agriculteurs et Coop de France ont réfléchi sur les moyens dont les exploitants disposent pour conserver la valeur ajoutée de leurs produits.

«On n’abandonne plus la problématique de la distribution de nos produits, on la fait nôtre. La valeur ajoutée a été trop longtemps laissée à la sortie de nos fermes», a lancé Pierre Cabrit, vice-président de la coopérative Unicor, le 24 mars dernier, lors d’un colloque organisé par Coop de France et les Jeunes Agriculteurs, intitulé “Agriculture et distribution”.

Ainsi, il revient sur une position qu’une semaine plus tôt, la Fédération des producteurs de lait avait déjà abordée par la voix de Daniel Coulonval, ancien président de la Fédération wallonne de l’agriculture: «Les intermédiaires (N.D.L.R.: que sont les industriels) ne doivent être que des prestataires de services! Nous avons des producteurs et des consommateurs!».

Les coops en porte-à-faux

Thomas Diemer, le président des Jeunes Agriculteurs, s’interroge clairement à son tour: «Comment les agriculteurs peuvent se réaccaparer les créneaux de distribution?», une façon efficace de conserver la valeur ajoutée de leurs produits. Pour lui, «c’est une bataille que l’on arrivera à ne mener que […] collectivement».

Un point de vue partagé par Jean-Marie Gabillaud, vice-président de Coop de France, qui souligne «la nécessité de jouer collectif sur le territoire». Pas si facile, semble-t-il, vu la réaction de Damien Lacombe lors d’un précédent colloque organisé par la FNPL le 17 mars: «Les coopératives seraient en grand danger si nous n’étions que des prestataires!».

Volume, logistique… Des freins existent

D’autre part, les élus sont clairement pointés du doigt. «Il faut que chacun prenne ses responsabilités. Oui, il y a une lecture de la réglementation européenne. Après, c’est aux élus de faire des choix!», réagit Pierre Cabrit. Christophe Lenaerts, responsable du projet AgriDistrib, confirme: «Il faut quand même que les politiques passent à l’acte».

Seulement, tout ne relève pas du politique. En effet, Éric Lepêcheur, président de Restau’Co, précise bien que «si c’est très joli d’avoir un producteur local, cela reste quelque chose de très minimaliste». Impossible effectivement d’obtenir des volumes de masse sans multiplier les approvisionnements.

Et là surgit le problème de la logistique, notamment du dernier kilomètre, «car les volumes, on les produit en France», relève Christophe Lenaerts. «On a plus de facilité à faire traverser toute la France à nos produits qu’à faire les derniers kilomètres» en direction des consommateurs, avoue-t-il.

Inverser les données

Sans parler d’un manque de cohérence entre les actions des uns et des autres (coopératives, chambres d’agriculture, unions de producteurs…). Jean-Marie Gabillaud cite un autre exemple, celui de la problématique de l’«équilibre matière» des carcasses de viande.

Il imagine des contrats avec des restaurateurs qui permettraient d’équilibrer les flux à l’avance tout en utilisant le stockage. Il suggère également de faire le chemin inverse, imaginé à la suite de la crise de la vache folle: «Peut-être faut-il revenir à: de la fourchette à la fourche, pour mieux répondre aux attentes du consommateur».

Autre difficulté que rencontrent les producteurs, la multiplicité des compétences nécessaires pour exercer leur métier: éleveurs, cultivateur, inséminateur, transformateur, livreur, chauffeur, distributeur… «L’agriculteur dit “Stop, je ne peux pas tout faire”», expliquent, de concert, Christophe Lenaerts et Éric Lepêcheur. D’où la nécessité de jouer collectif.

Jouer collectif sur le plan territorial

«Il est nécessaire de mettre en relation les compétences territoriales», estime Dominique Olivier, directeur de la coopérative Fermes de Figeac. Un éleveur de la salle constate, de son côté, que ses 100.000 litres de lait partis en circuit court lui ont permis de «boucher les trous» de ses 600.000 litres partis vers sa laiterie… «Il ne faut pas se dire que l’on va créer de la valeur ajoutée à tel endroit pour boucher les trous du reste de sa production. Il faut une stratégie globale pour aller chercher plus de valeur ajoutée», répond Christophe Lenaerts.

Dominique Olivier est plus direct: «Si je ne reste que dans la course de la production de masse, je trouverai toujours un abruti qui va produire moins cher. Si je ne me démarque pas, je suis mort!». Éric Lepêcheur répond de même: «Soit je fais du volume, soit je fais de la qualité. La désorganisation de l’Europe fait que l’on n’est pas à même de répondre à la valeur ajoutée d’un produit de masse».

Même si tous les acteurs du colloque ont bien spécifié ne pas vouloir opposer circuit long et circuit court, les réponses à la question de notre éleveur penchent cependant plutôt du même côté.

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