L’influenza, préoccupation majeure de la chambre d’agriculture Nouvelle-Aquitaine
La nouvelle crise sanitaire qui frappe les élevages de canards du Sud-Ouest a été largement évoquée par le président de la chambre régionale d
En dehors du secteur viticole avec ses bons rendements et son marché relativement soutenu, l’année 2016 aura été marquée par une succession de calamités pour le monde agricole aquitain. «Les récoltes de céréales d’hiver, notamment au nord de la région, ont été calamiteuses, en rendement, en qualité et en prix», a ainsi déploré Dominique Graciet le 13 janvier à Bordeaux. Les récoltes d’été, maïs tout spécialement, ont aussi été touchées.
Quant aux élevages, lait comme viande, ils ont subi une crise de revenu sans précédent. Pour les fruits et légumes, les résultats sont divers, mais globalement le secteur a subi des difficultés de production malgré des prix soutenus.
Les abattages préventifs
Ultime chapitre de cette triste litanie de mauvaises nouvelles, l’épizootie d’influenza aviaire propagée par le virus H5N8. «Pour la première épidémie, précise le président de la chambre régionale d’agriculture, le vide sanitaire décrété sur dix-huit départements s’est achevé en mai. Avec, au final, une perte de 9 millions de canards et des difficultés à servir les clients, qui en sont la conséquence».
Actuellement, pour cette seconde épidémie, l’Est de la zone contaminée commence à s’assainir mais le virus se déplace vers l’Ouest dans des zones à forte densité de volailles et le froid pousse les oiseaux vers la mer.
Pour tenter de contenir cette propagation, des mesures d’abattages préventifs ont été récemment prises pour 150 puis 187 communes des Pyrénées-Atlantiques, des Landes, du Gers et des Hautes, Pyrénées. La première vague d’abattage a concerné près de 800.000 palmipèdes au 20 janvier. Selon les résultats des analyses, une seconde série d’abattages pourrait être déclenchée. Ce qui pourrait alors concerner jusqu’à 1,3 million de canards.
Réassurance et biosécurité
«L’État a déjà mis 14 millions d’euros pour couvrir les frais d’abattage. On est en train de négocier la prise en charge des vides sanitaires» poursuit Dominique Graciet. Et le président de la chambre régionale d’expliquer que l’un des objectifs de la profession est désormais de favoriser la mise en place d’un système de réassurance.
Une section volaille à l’intérieur du fonds de mutualisation sanitaire pour l’élevage (FMSE) a été créée, elle commence à être abondée. «Cependant, c’est insuffisant face à la catastrophe actuelle», commente Dominique Graciet. C’est pourquoi, la profession attend «un coup de pouce de l’État pour lancer ce fonds et le rendre obligatoire à l’ensemble des filières nationales. L’idée est de créer un système de réassurance des éleveurs entre eux».
Autre enjeu majeur : la biosécurité afin de parvenir pour les élevages de volailles en plein air à un système permettant d’avoir des entités sanitaires indépendantes les unes des autres. Il importe en effet d’éviter la contamination par le voisinage et de stopper la propagation dès le premier élevage infecté. Le président de la chambre d’agriculture juge également nécessaire de raccourcir les délais entre suspicion et annonce des résultats d’analyse. «Avec un microbe aussi volatil, un délai de 3 à 4 jours est trop long. La zone doit être bloquée d’office dès la suspicion».
D’autres points techniques vont aussi être précisés, notamment pour les bâtiments. Le pôle de compétitivité Agrolandes travaille actuellement sur ces sujets. De nouveaux systèmes de portes de cages sont ainsi expérimentés afin de faciliter le nettoyage et assurer une désinfection plus efficace. D’autres paramètres sont à l’étude comme la longévité des matériaux des cages, leur résistance au risque de porosité afin d’éviter qu’ils renferment les micro-organismes indésirables.
Bâtiments, cages de transport
Les protocoles de nettoyage tout au long de la chaîne de transport des animaux, mais aussi, les modalités d’enregistrement des mouvements des cages seront aussi précisés, de même que le traitement des eaux usées issues des différents nettoyages…
Reste enfin la question du vaccin et de son efficacité. «Le vaccin ne remplacera pas ces mesures de biosécurité, conclut Dominique Graciet, mais il serait bien utile pour contenir le microbe dès suspicion pour éviter les mesures d’abattages massifs que l’on connaît actuellement». Autant d’enjeux pour l’avenir de cette filière pour laquelle, l’innovation et la recherche sont plus que jamais des cartes maîtresses.
M.-N. Charles