Mécanisation et alimentation, deux leviers efficients face à l’inflation
Les 18e Assises ovines des Pyrénées-Atlantiques consacrées à la flambée des charges en élevage ovins lait étaient conduites ce vendredi 14 octobre à Garindein chez Bastien Christy. Dans cette conjoncture, les organisations techniques ont brossé les pistes de réduction des charges à mobiliser immédiatement.
Les 18e Assises ovines des Pyrénées-Atlantiques consacrées à la flambée des charges en élevage ovins lait étaient conduites ce vendredi 14 octobre à Garindein chez Bastien Christy. Dans cette conjoncture, les organisations techniques ont brossé les pistes de réduction des charges à mobiliser immédiatement.
En ouvrant cette nouvelle édition, le vice-président de la chambre d’agriculture Patrick Etchegaray, n’a pas manqué d’évoquer la crise qui touche toutes les filières d’élevage, amplifiée par une sécheresse inédite et les démarches entreprises par les responsables professionnels auprès des pouvoirs publics et de la MSA.
Une crise qui donne tout son sens à cette journée consacrée aux moyens de réduire les charges de production et de rebondir après une sécheresse persistante. Comme l’ensemble des activités agricoles, ce secteur est confronté à une rapide augmentation du prix des intrants qui affecte la trésorerie des exploitations. À cette occasion, Emmanuel Morin de l’Idèle rappelait que cette augmentation, en un an et demi, approchait les 40% pour l’indice IPAMPA, un indice qui pondère l’ensemble des charges des exploitations ovins lait.
Le prix des engrais a plus que triplé, celui du carburant a subi une augmentation de 150%. L’augmentation des coûts de production atteint, selon le calcul de l’institut de l’élevage, 220€/1.000 litres. Jean Beudou, de la chambre d’agriculture, s’est appuyé sur les données du réseau de fermes de référence Inosys pour évoquer les marges de progrès, en particulier sur les deux postes de charges dominants, l’alimentation achetée et la mécanisation.
Partage de matériel
Avec des charges de mécanisation qui varient de 600 à 1.600€/ha, on perçoit mieux les efforts à accomplir pour sortir de la course aux équipements individuels et à l’acquisition des derniers outils les plus performants. Une réflexion au centre de l’approche du travail en commun promue par les CUMA.
Animatrice à la fédération CUMA 640, Agnès Mendiboure a présenté l’analyse des coûts et des temps de travaux pour illustrer l’intérêt économique de la démarche coopératrice. Entre copropriété, appel à entreprise, voire location d’équipements, les alternatives à la propriété individuelle existent pour réduire les coûts de mécanisation.
Les CUMA ont acquis aujourd’hui un haut niveau de services, avec des équipes et du matériel fiables, susceptibles d’intervenir rapidement au bon moment. Plusieurs CUMA proposent aujourd’hui des tracteurs de tête puissants et onéreux pour les travaux nécessitant les plus gros besoins en puissance de traction, ou des tracteurs surbaissés pour le travail sur les fortes pentes.
Pas de suralimentation
Avec un foin de luzerne espagnole autour de 350€ la tonne et du maïs grain qui approche les 400€ par tonne et les déficits de stocks de foin et regain, la stratégie d’alimentation consiste à aller chercher les économies dans chaque poste technique. À l’aide d’outils tels qu’Obsalim ou Visiolait, les techniciens du centre départemental ovin ont acquis les réflexes du pilotage en continu de l’alimentation.
Fini de sécuriser par des apports majorés, la génétique permet une bonne persistance ou reprise de lactation sans forcément maximiser le pic de lactation. De plus, il n’est pas nécessairement utile de suralimenter pendant la période d’allaitement. Il y a aussi le suivi des notes d’état corporel, la consistance des crottes, l’observation des temps de rumination, les taux d’urée pour évaluer la bonne valorisation ou pas de l’alimentation.
En amont, rappelaient Ingrid Fajardo et Morgane Lefloch du CDEO, il ne faut pas perdre de vue la gestion globale du troupeau, avec le groupage des agnelages, et la mise en lot homogènes. Violaine Salaun, responsable qualité à l’interprofession, invite à mesurer les marges de progrès liées à l’amélioration de la qualité du lait, tant au niveau de la MSU que de la bactériologie (35% des éleveurs pénalisés pour les butyriques) et des cellules, avec une perte économique évaluée à 15% pour un niveau supérieur à 800.000 cellules somatiques.
À la bonne herbe
Le dernier pilier d’économie reste, bien évidemment, l’utilisation de l’herbe, parfois négligée tant il est devenu plus facile d’alimenter en bergerie. Les prairies ont aussi souffert ces derniers mois des aléas climatiques, une dégradation au bénéfice d’espèces invasives peu consommables telles que sétaires et paspales. L’heure est à la restauration du potentiel de production, à la rénovation des prairies, par des méthodes simplifiées, telles que le regarnissage et le sursemis sans travail du sol. Il s’agit aussi dans les toutes prochaines semaines de planifier l’implantation de dérobées hivernales, concluait Marie-Claude Mareaux de la chambre d’agriculture.
Jean-Marc Arranz