Produits laitiers: embellie sur les marchés mondiaux en 2011
Alors que les producteurs s'inquiètent de la volatilité des cours dans une perspective de disparition des quotas en 2015, Gérard You, économiste à l'Institut de l'élevage a constaté que 2011 a été particulièrement favorable à la production laitière mondiale, aux prix et aux échanges. Jusqu'à quand ?
Le cap est bon mais le chemin est sinueux», en présentant son analyse des marchés mondiaux des produits laitiers en 2011, Gérard You, économiste à l'Institut de l'élevage s'est plu à souligner le dynamisme de la production et de la consommation mondiale de produits laitiers dans un contexte de prix particulièrement fermes en 2011 ainsi que la forte volatilité des cours qui caractérise la filière depuis 2002-2003.
Autres enseignements de ces dernières années: la convergence des cours mondiaux du lait, l'interdépendance des cours du lait avec ceux des grains et plus largement avec ceux des matières premières non agricoles, mis en exergue par Philippe Chotteau, chef du département économie de l'Institut de l'élevage.
Une production mondiale soutenue
En 2011, selon la FAO, la production laitière mondiale a augmenté d'environ 2,5% soit 16 millions de tonnes mais moins que la demande mondiale. L'essentiel de la croissance s'est fait en Asie (10 millions de tonnes) qui représente désormais 40% de la consommation mondiale et absorbe la moitié des échanges internationaux. L'excellente conjoncture a stimulé la production dans la plupart des grands bassins laitiers: Argentine, Nouvelle-Zélande, États-Unis, Union européenne. L'essentiel des suppléments de production collecté dans les bassins excédentaires (Argentine, États-Unis, Union européenne, Océanie) a été transformé en ingrédients laitiers qui ont été expédiés dans les bassins déficitaires (Asie, Afrique).
Les échanges ont progressé fortement (+6%), notamment les échanges de poudre de lait (grasse ou maigre), cependant ils ne représentent que 7% de la production mondiale. Selon l'Institut de l'élevage, début 2012, la stabilité et la bonne tenue des cours mondiaux des ingrédients laitiers témoignent d'un bon équilibre offre/demande qui pourrait se maintenir jusqu'à l'été. Au-delà les prévisions sont plus difficiles, les évolutions dépendront notamment de la reprise de la production dans l'hémisphère Sud mais aussi aux États-Unis et dans l'Union européenne.
La France a encore du potentiel de production
S'intéressant cette fois aux évolutions de la production laitière dans les cinq principaux pays laitiers de l'Union européenne: Danemark, Pays-Bas, Irlande, Allemagne, France, l'Institut de l'élevage a souligné que la demande y est particulièrement atone. Une étude menée sur les cinq dernières années au moment de l'apparition de la volatilité des cours, pourrait être un banc d'essai de l'après-quota. L'Institut de l'élevage souligne la fragilité du système danois basé sur des prix élevés et la relative bonne résistance du système «low cost» irlandais, tandis que le système néerlandais apparaît comme particulièrement efficace et spécialisé. Enfin, selon Christophe Perrot et Anne Mottet, dans la comparaison France-Allemagne, c'est en France qu'il y a le plus fort potentiel d'accroissement de la production.