Retraites agricoles: «Hollande n’a pas tenu ses promesses»
Jean-Paul Bizien est formel: «le Président de la République n’a pas tenu parole». Lors du congrès annuel, qui s’est tenu les 9 et 10 mars derniers à Paris, le responsable de la section nationale des anciens exploitants (SNAE) de la FNSEA listait ainsi les préoccupations majeures, au premier rang desquelles le financement des retraites.
En 2012, François Hollande, alors candidat, avait promis d’abonder par les marges de manœuvre financières dégagées par la baisse du nombre de retraités et par la solidarité nationale. «Nous n’avons pas eu de revalorisation des retraites agricoles depuis le 1er avril 2013. En 2015, elle a été revalorisée de 0,1% soit 1 euro et 10 centimes de plus… Le prix d’une baguette!», s’insurge-t-il.
Par ailleurs, les petites retraites agricoles ont dernièrement été revalorisées sous forme de points gratuits de RCO (retraite complémentaire obligatoire) «sans véritable source de financement en face», note le rapport d’orientation de la SNAE, qui s’inquiète donc de la pérennité du régime RCO.
La question se pose d’autant plus que les retraites agricoles restent parmi les plus faibles en France, avec bientôt trois ans sans revalorisation générale. Et 2.700 retraités attendent toujours le versement de la prime de 40 euros destinée à ceux qui touchent moins de 1.200 euros brut par mois.
Dans une motion, la SNAE compte donc demander cette année une revalorisation à 85% du smic, montant de la retraite minimale accordée aux salariés mais non aux exploitants agricoles.
Généralisation du tiers payant
La SNAE signale en outre que seuls 183.000 bénéficiaires ont pu passer cette année à 73% du smic (soit 820 euros), contre 238.000 prévus en 2013. 55 millions d’euros ont été utilisés quand 72 millions étaient disponibles à cet effet. Les anciens exploitants entendent également poursuivre le débat pour que le calcul de leur retraite soit basé sur les 25 meilleures années de revenu, et non sur l’intégralité de la carrière, comme c’est le cas actuellement.
Si Jean-Paul Bizien se dit «inquiet de l’avenir de nos successeurs au métier de paysan», «la FNSEA ne doit pas pour autant oublier ses retraités», ajoute le président de la SNAE. Ce qui vaut pour la défense des retraites, mais aussi, plus largement, sur l’amélioration des conditions de vie des retraités en milieu rural.
«On est dans un monde où il va falloir replacer l’homme au cœur des dispositifs», a assuré Xavier Beulin, qui en a profité pour rappeler les demandes et les réflexions de la FNSEA en matière de ruralité: financement par l’État des infrastructures permettant de déployer Internet dans les zones blanches, mise en relation des professionnels qui veulent échanger des services sur un même territoire, partenariat avec la Poste pour développer les réseaux de distribution alimentaire…
Par ailleurs, la SNAE regrette, dans son rapport d’orientation, certaines dispositions de la loi d’adaptation de la société au vieillissement, publiée fin décembre. Malgré une revalorisation de l’aide à domicile (350 millions d’euros), «il manque 10 milliards d’euros pour avoir une bonne prise en charge de la dépendance», indique la section des anciens exploitants qui s’interroge également sur le financement de cette loi et sur la question d’une assurance dépendance pour tous à partir de 55 ans.
Enfin, au niveau médical, sujet qui touche de près les retraités, la SNAE soutient la généralisation du tiers payant et reste vigilante quant aux décrets d’application de la «loi créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie», qui doivent paraître d’ici juin 2016.
DématérialisationInvité de la SNAE, le président national de la MSA Pascal Cormery s’est justifié sur la politique de dématérialisation des informations aux retraités. Ces derniers, sont, pour la plupart, d’une génération qui «subit l’informatique sans se l’être appropriée» a-t-il concédé. Mais, cette mesure se justifie particulièrement dans un contexte où les pouvoirs publics demandent de diminuer les coûts de fonctionnement. La CCMSA n’est pas encore en mesure de communiquer des statistiques nationales, cependant, pour la MSA Berry-Touraine, la dématérialisation a permis «une économie de 250.000 euros» en 2015. La CCMSA a mis en place un site internet «plus simple» et «réfléchit à une formation pour accompagner» ceux qui maîtrisent mal le Web. La MSA Sud Aquitaine, si des formations sont organisées sur les cantons, elles connaissent des succès très relatifs. C’est pourquoi, la MSA va mettre en place un plan d’accompagnement spécialisé pour les retraités agricoles. «Fruit d’un éventuel partenariat avec le Crédit agricole, nous allons former des personnes pour venir apporter une aide technique à ces personnes qui ne maîtrisent pas Internet». Des correspondants Internet arpenteront alors les cantons à la rencontre des adhérents. Pour le matériel, une aide financière devrait être versée aux demandeurs. «Nous allons effectuer une commande groupée pour acheter des tablettes et fournir nos adhérents pour qu’ils puissent simplement répondre aux démarches administratives», complète le responsable de la MSA. |