S'adapter face à la volatilité des prix des céréales
La volatilité est actuellement le terme à la mode lorsqu'il s'agit de parler des prix des grains en général et du mais en particulier. Plusieurs facteurs expliquent cette situation. L'AGPM livre quelques explications et des pistes d'adaptation au niveau des exploitations.
La fluctuation — et la spéculation — des cours des denrées et des matières premières sont devenues la règle, d'autant que les pouvoirs publics ont délaissé les outils de régulation et que le libre-échange est devenu la règle de base. © AGPM
Le principal facteur de volatilité des prix est la tension née du jeu de l'offre et de la demande. Les besoins en mais dans le monde ne cessent de progresser sous l'impulsion du développement de l'éthanol mais également du fait de la demande pour l'alimentation des animaux.
Dans de nombreuses régions du globe (Maghreb, Moyen Orient, Asie), l'émergence d'une classe moyenne dans la population s'accompagne de l'accroissement de la consommation de viandes blanches. Or deux piliers soutiennent ce développement : le mais et le soja. La consommation de mais par le bétail a ainsi progressé de près de 50 millions de tonnes depuis 2000, sur une consommation globale estimée aujourd'hui dans le monde à 830 millions de tonnes.
Ondes de chocCette situation a des incidences sur le niveau de stock. On estime aujourd'hui le rapport stock sur consommation à 15 % pour le mais.
Dans cette gestion de flux tendus, le moindre grain de sable qui vient enrayer la production ou des conditions climatiques favorables qui l'amélioreraient ont des conséquences immédiates sur les prix dans tous les bassins de production. Ces ondes de choc se dispersent d'autant plus facilement que les pouvoirs publics délaissent peu à peu leurs missions de gestion des marchés. Le libre-échange prôné par l'OMC devient une obligation de résultat pour la Commission Européenne en particulier. La spéculation financière vient ensuite amplifier les mouvements.
Alors qu'auparavant, le prix du mais variait de quelques euros sur plusieurs mois, il peut désormais varier de 14 euros en un jour
Dans ce contexte, comment agir dans les exploitations ? Le premier élément est de bien comprendre que la concurrence est désormais internationale. Sans vouloir copier d'autres modèles, analyser les forces et les faiblesses des principaux exportateurs doit permettre de mieux positionner l'offre française. Le second point important est de bien intégrer que volatilité signifie prix bas mais aussi prix hauts. Derrière ce terme, il y a donc des opportunités à saisir.
L'exploitant doit porter toute son attention sur la gestion de son exploitation et son adaptation au contexte. La connaissance des coûts de production est fondamentale. Elle permet de définir des prix d'objectifs pour articuler une stratégie commerciale, mais également de déterminer des pistes d'améliorations techniques telles que l'optimisation des intrants, date de semis précoce et meilleure adaptation de la variété au terroir pour réduire l'humidité à la récolte, réduction des coût de mécanisation Il n'existe malheureusement aucune solution miracle. Chaque exploitation est un cas particulier.
Les trois campagnes que nous venons de vivre sifflent la fin d'un cycle de gestion basé sur l'investissement pour limiter le niveau des cotisations sociales.
Avec des cycles de volatilité rapprochés, investir alors que la conjoncture est favorable correspond également à plus d'amortissement au moment où la situation se complique. La solution n'est pas de ne plus investir, mais bien de raisonner chaque investissement au-delà de son seul intérêt technique.
Cette analyse a d'ailleurs poussé l'AGPM à défendre la mise en place d'outils d'épargne défiscalisée pour lisser les revenus sur les exploitations. La DPA est en ce sens un outil intéressant, même si ses conditions d'utilisation peuvent encore être améliorées.
Au niveau de la commercialisation des grains, les producteurs disposent aujourd'hui de différents outils et du conseil de différents opérateurs pour adapter la stratégie de commercialisation. Là encore pas de solution miracle « prête à l'emploi ». Il est bien sûr plus intéressant d'alimenter régulièrement un marché lorsque le prix augmente que d'attendre son fléchissement pour vendre.
Élément nouveau, la volatilité des prix des grains s'accompagne souvent de la volatilité des prix de certains intrants, engrais en particulier. Il devient donc également important de se couvrir sur les principaux intrants en parallèle à une couverture sur les prix.
Ainsi, la réalité des marchés et des outils disponibles impose à chacun, en lien avec son organisme économique, une adaptation à ce nouveau contexte pour la commercialisation de ses grains et le mais n'y échappe pas. Cédric Poeydomenge,
directeur adjoint AGPM
cedric.poeydomenge@agpm.com
Dans de nombreuses régions du globe (Maghreb, Moyen Orient, Asie), l'émergence d'une classe moyenne dans la population s'accompagne de l'accroissement de la consommation de viandes blanches. Or deux piliers soutiennent ce développement : le mais et le soja. La consommation de mais par le bétail a ainsi progressé de près de 50 millions de tonnes depuis 2000, sur une consommation globale estimée aujourd'hui dans le monde à 830 millions de tonnes.
Ondes de chocCette situation a des incidences sur le niveau de stock. On estime aujourd'hui le rapport stock sur consommation à 15 % pour le mais.
Dans cette gestion de flux tendus, le moindre grain de sable qui vient enrayer la production ou des conditions climatiques favorables qui l'amélioreraient ont des conséquences immédiates sur les prix dans tous les bassins de production. Ces ondes de choc se dispersent d'autant plus facilement que les pouvoirs publics délaissent peu à peu leurs missions de gestion des marchés. Le libre-échange prôné par l'OMC devient une obligation de résultat pour la Commission Européenne en particulier. La spéculation financière vient ensuite amplifier les mouvements.
Alors qu'auparavant, le prix du mais variait de quelques euros sur plusieurs mois, il peut désormais varier de 14 euros en un jour
Dans ce contexte, comment agir dans les exploitations ? Le premier élément est de bien comprendre que la concurrence est désormais internationale. Sans vouloir copier d'autres modèles, analyser les forces et les faiblesses des principaux exportateurs doit permettre de mieux positionner l'offre française. Le second point important est de bien intégrer que volatilité signifie prix bas mais aussi prix hauts. Derrière ce terme, il y a donc des opportunités à saisir.
L'exploitant doit porter toute son attention sur la gestion de son exploitation et son adaptation au contexte. La connaissance des coûts de production est fondamentale. Elle permet de définir des prix d'objectifs pour articuler une stratégie commerciale, mais également de déterminer des pistes d'améliorations techniques telles que l'optimisation des intrants, date de semis précoce et meilleure adaptation de la variété au terroir pour réduire l'humidité à la récolte, réduction des coût de mécanisation Il n'existe malheureusement aucune solution miracle. Chaque exploitation est un cas particulier.
Les trois campagnes que nous venons de vivre sifflent la fin d'un cycle de gestion basé sur l'investissement pour limiter le niveau des cotisations sociales.
Avec des cycles de volatilité rapprochés, investir alors que la conjoncture est favorable correspond également à plus d'amortissement au moment où la situation se complique. La solution n'est pas de ne plus investir, mais bien de raisonner chaque investissement au-delà de son seul intérêt technique.
Cette analyse a d'ailleurs poussé l'AGPM à défendre la mise en place d'outils d'épargne défiscalisée pour lisser les revenus sur les exploitations. La DPA est en ce sens un outil intéressant, même si ses conditions d'utilisation peuvent encore être améliorées.
Au niveau de la commercialisation des grains, les producteurs disposent aujourd'hui de différents outils et du conseil de différents opérateurs pour adapter la stratégie de commercialisation. Là encore pas de solution miracle « prête à l'emploi ». Il est bien sûr plus intéressant d'alimenter régulièrement un marché lorsque le prix augmente que d'attendre son fléchissement pour vendre.
Élément nouveau, la volatilité des prix des grains s'accompagne souvent de la volatilité des prix de certains intrants, engrais en particulier. Il devient donc également important de se couvrir sur les principaux intrants en parallèle à une couverture sur les prix.
Ainsi, la réalité des marchés et des outils disponibles impose à chacun, en lien avec son organisme économique, une adaptation à ce nouveau contexte pour la commercialisation de ses grains et le mais n'y échappe pas. Cédric Poeydomenge,
directeur adjoint AGPM
cedric.poeydomenge@agpm.com