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Entre installation, développement, logement… le foncier rural confronté à une difficile équation

La conférence départementale du foncier rural dans les Pyrénées-Atlantiques a mis en lumière la nécessaire mobilisation collective en faveur de l’installation des jeunes agriculteurs.

Le président Jean-Claude Saint-Jean n’a pas caché ses inquiétudes face à la spéculation foncière qui menace l’avenir de l’agriculture dans certains territoires très convoités.
© G.M - Le Sillon

Comment concilier la préservation de l’environnement, le développement d’un tissu économique, la reprise des exploitations et l’installation de jeunes agriculteurs, la construction de logements et le maintien de services de proximité ? Parfois, l’équation semble insoluble tant la pression foncière est forte et exacerbe les tensions entre les différents utilisateurs de l’espace. Victime de son attractivité, le Pays basque, entre Pyrénées et océan, est l’archétype de ces territoires confrontés à un afflux important de population, à une flambée des prix de l’immobilier et à la difficulté accrue pour l’agriculture d’y conserver sa place.

Dès lors, la loi du plus fort — ou du plus riche — peut prendre le pas sur l’aménagement équilibré, telle est la crainte qu’a exprimée Jean-Claude Saint-Jean, président du comité technique de la Safer au Pays basque lors de la conférence annuelle du foncier rural de l’agriculture départementale, organisée jeudi 13 octobre à Uhart-Cize.

«Viable économiquement»

Pour introduire les débats, le DRAAF de Nouvelle-Aquitaine, Philippe de Guénin, et le sociologue François Purseigle confirmaient, chiffres du RGA à l’appui, l’inexorable disparition d’exploitations du territoire régional. 19 000 fermes ont ainsi disparu du paysage néoaquitain en dix ans. Mais ce chiffre masque d’importantes disparités. Avec un effectif d’environ 9 500 exploitations et un chiffre record de 161 installations aidées en 2021, les Pyrénées-Atlantiques figurent, encore et toujours, en tête des départements qui installent le plus.

Diversité des cultures et des élevages, spécificités de l’agriculture de montagne, forte identité culturelle, typicité des produits dont de nombreux sous signes officiels de qualité, organisation des filières sont autant de facteurs qui contribuent à cette dynamique.

Pour autant, le renouvellement des générations constitue, ici comme ailleurs, une préoccupation constante des organisations professionnelles. Parce que cette agriculture est « plurielle », il importe, selon François Purseigle, « de ne pas opposer les systèmes », « d’organiser la cohabitation entre les différents modèles ». Et avoir bien conscience que « les projets des repreneurs ne sont pas forcément identiques à ceux des parents ou des cédants… ».

Illustration de cette nouvelle donne, Aymar Bergy faisait part de sa récente réorientation professionnelle qui l’a conduit à s’installer en hors cadre familial (HCF) à Armendeuix. Permaculture, maraîchage bio, traction animale pour les travaux du sol… Avec sa compagne Amandine, le nouvel installé produit sur 2,6 ha de SAU des légumes bio qu’il commercialise en vente directe.

Cette expérience illustre la diversité des projets qui fleurissent sur le territoire départemental, aux côtés de formes d’installations plus traditionnelles dans le cadre de successions familiales.

«Donner de la visibilité»

Mais, quelle que soit la nature du projet, l’essentiel est qu’il soit mûrement réfléchi pour être «viable économiquement et vivable humainement», martèle Iban Pébet, éleveur laitier à Bussunarits,

Bernard Layre insistait, quant à lui, sur les difficultés que connaissent les exploitations confrontées aux effets dévastateurs du dérèglement climatique et à la dramatique flambée des coûts consécutive au conflit en Ukraine. Dans un tel contexte, la gestion de l’eau, l’adaptation des assurances climatiques, le soutien en matière de recherche pour l’adaptation des espèces sont autant de conditions indispensables pour l’avenir de l’agriculture.

Le président de la chambre d’agriculture rappelait, aussi, que la dynamique actuelle de l’installation hors cadre familial est le fruit de la politique impulsée il y a quelques décennies par le Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA) présidé à l’époque par l’actuelle dirigeante de la FNSEA Christiane Lambert. L’installation HCF représente ainsi dans le département plus d’une installation sur 4 (28 %) et s’inscrit dans le dispositif d’accompagnement à l’installation.

Les organismes bancaires — représentés par la table ronde par Sauveur Urrutiaguer, vice-président du Crédit Agricole Pyrénées Gascogne — ont vocation à aider le jeune à bâtir son dossier financier. Et, via la contractualisation, les coopératives donnent à l’agriculteur «de la visibilité sur le long terme», concluait le vice-président de Lur Berri, Michel Idiart.

Guy Minbielle

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