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De la luzerne à  la place du mais pour le bétail

Une journée rencontre au champ, organisée par la chambre d'agriculture du Calvados, a permis de présenter diverses techniques mises en place pour renforcer l'autonomie alimentaire.

file-Pour la première année, Pierre Brisset, éleveur à  Le Vey (14), a réalisé une parcelle de luzerne sous couvert d'orge de printemps afin de remplacer le mais sur l'exploitation. © C.A 14
Pour la première année, Pierre Brisset, éleveur à  Le Vey (14), a réalisé une parcelle de luzerne sous couvert d'orge de printemps afin de remplacer le mais sur l'exploitation. © C.A 14
Pierre Brisset, agriculteur à  Le Vey dans le Calvados, a décidé d'implanter 1,70 hectare de luzerne sur ses parcelles. Un choix justifié par l'arrêt de son atelier d'engraissement de jeunes bovins Blonds. Ainsi, il précise : « auparavant j'engraissais mes animaux avec du mais, mais avec l'arrêt de cet atelier, j'ai voulu changer de technique et supprimer cette céréale de mes rotations au profit d'une culture moins coûteuse et m'orienter vers un système fourrager plus diversifié » indique Pierre Brisset.
Après différentes conversations avec techniciens et éleveurs, la luzerne lui semble adaptée. Non seulement, elle reste implantée quatre à  cinq ans, mais elle me permet également d'étaler les tàches tout au long de l'année et d'éviter les pointes de travail, car à  côté de ses 34 vaches allaitantes et de leurs suites, notre agriculteur a deux autres activités : cidricole et hébergement. De plus, la parcelle qu'il avait choisie pour l'implantation de la luzernière correspondait au type de sol idéal pour la réaliser.
Semis simplifié et pas de traitement
La parcelle possède en effet un sol limono-argileux légèrement calcaire, parfait pour cette culture et un pH de 6,4 à  6,6. « J'ai implanté la luzernière sous un couvert d'orge de printemps car au moment de mon choix (octobre/novembre), il était trop tard pour semer directement de la luzerne », explique Pierre Brisset.
Pour la préparation du lit de semence, un labour et un passage de herse ont été effectués, complétés par un épandage de chaux. Sur une partie de la parcelle, l'orge de printemps et la luzerne ont été semées ensemble fin mars après avoir été mélangées à  la bétonnière. Sur l'autre partie, l'orge a été semée seule fin mars et la luzerne un mois après. Dans les deux cas, un roulage a eu lieu après le semis.
La densité de celui-ci est à  chaque fois de 130 kg/ha pour l'orge et de 20 kg/ha pour la luzerne. « Je n'ai fait aucun traitement (herbicide, fongicide) sur les cultures, ni apporté d'azote. J'ai simplement ajouté un engrais de fond phospho-potassique (PK). J'essaie au maximum de limiter les intrants sur mon exploitation. J'ai par ailleurs choisi d'inoculer la luzerne par sécurité, car lorsqu'on implante une luzernière c'est pour quatre à  cinq ans ».
À la question, faut-il inoculer si on se trouve en terre calcaire, Gérard Bavière, conseiller agronomie cultures de la chambre d'agriculture du Calvados, répond « c'est avant tout une sécurité au moins en sol acide mais si on remarque que de la luzerne sauvage pousse sur les bas-côtés des routes, on peut ne pas inoculer ». Avant d'ajouter, qu'en termes de fertilisation, il est autorisé de mettre du fumier ou du lisier même sur une luzerne pure, contrairement au trèfle violet.
Deux saisons sont propices au semis de la luzerne : le printemps ou la fin d'été. L'implantation au printemps est souvent meilleure qu'en fin d'été mais n'assurera alors qu'une demi-production au cours de la première année.
Récolte et ration
La récolte de l'orge s'est faite fin juillet, avec un rendement de 40 quintaux par hectare et mi-septembre a eu lieu la récolte en enrubannage de la luzerne. À ce sujet, David Delbecque, conseiller élevage de la chambre d'agriculture du Calvados, ajoute que les variétés ont bien évolué. Les luzernes ont gagné en finesse de tiges. La valeur alimentaire est améliorée. On peut même récolter en enrubannage sans perforer le film plastique.
La luzerne ainsi récoltée sera incorporée à  la ration des vaches en fin d'hiver, période de vêlages sur l'exploitation de Pierre Brisset, et donc période où les besoins des animaux sont plus importants. L'année prochaine, l'éleveur espère réaliser plusieurs coupes, la première en enrubannage et les suivantes en foin.
Cyrielle Delisle
Les atouts
La luzerne est d'abord une culture fourragère performante, source inégalée de protéines de qualité produites en autonomie, (loin devant le soja et le pois si l'on ramène leurs performances à  l'hectare). C'est aussi une culture économe en intrants, capable de fixer l'azote de l'air, peu exigeante en phytosanitaires. Elle joue également un rôle important de couverture naturelle du sol pendant plusieurs années, qui le préserve des problèmes d'érosion ou de ruissellement et s'avère excellente pour la structure profonde du sol gràce à  un système racinaire très développé. Ses racines servent de filtre à  nitrates. Si le sol est riche en azote, la luzerne est capable de l'utiliser préférentiellement au lieu de l'azote atmosphérique.
Autre qualité, la luzerne supporte très bien la sécheresse dans la mesure où le sol est fissuré et permet ainsi aux racines de descendre. C'est aussi un très bon précédent cultural pour le blé. La décomposition progressive des racines, porteuses de nodosités riches en protéines, fournit un apport d'azote qui s'ajoute à  la minéralisation normale de la matière organique du sol.
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