Foncier landais : Un espace à se partager
A l'invitation du préfet du département, Évence Richard, les différents acteurs du territoire ont échangé sur l'occupation de l'espace souhaitable pour le département.
À l'initiative de la préfecture des Landes, les forces vives du département étaient réunies, lundi toute la journée à Mont-de-Marsan, pour échanger sur l'occupation de l'espace dans les Landes. Plus concrètement, cette « conférence des territoires » se donnait pour objectif d'une part de recenser les besoins des différents acteurs du territoire : filières agricoles, sylvicoles, commerciales, mais aussi collectivités territoriales (à travers l'urbanisation et les infrastructures). D'autre part, il s'agissait de rechercher ensemble des solutions, pour la décennie à venir, soucieuses d'économie d'espaces, tout en préservant les nombreuses richesses naturelles du département.
« On pourrait croire que ce vaste département est à l'abri des problèmes de foncier. Pourtant, l'utilisation de cet espace précieux devient de plus en plus spéculative et les conflits d'usage pourraient mettre à mal certaines filières » a mis en garde le préfet Évence Richard en introduction de la conférence. Conscient que toutes les filières ont besoin d'espace pour se développer, il rappelle que « le rôle de l'État est de permettre un développement harmonieux de ce territoire au potentiel considérable, en tenant compte de toutes ses fonctionnalités. ». La réflexion est d'autant plus urgente que les immenses espaces dévastés par tempête Klaus font l'objet de convoitises croissantes.
Le sujet a été abordé lors d'une table ronde intitulée « Valeur des espaces ruraux : de l'intérêt particulier à l'intérêt général ». Yves Lesgourgues, directeur du CRPF (Centre régional de la propriété forestière), n'a pas manqué de rappeler l'importance de la forêt, qui au-delà de recouvrir « deux tiers du territoire » landais est fortement « créatrice de richesse ». D'où ses inquiétudes quand centrales photovoltaiques, infrastructures, et parfois même agriculture aimeraient grignoter quelques hectares de pins pour leur propre consommation. Une éventualité que le conseil général ne voit pas d'un bon oeil. « Aujourd'hui, l'économie forestière représente 25 000 emplois en Aquitaine, souligne Xavier Fortinon, vice-président du conseil général délégué à la forêt. Nous nous sommes donc prononcés en faveur d'une reconstitution du massif à l'hectare près. » Son collègue Robert Cabé renchérit : « Replanter est une nécessité pour des raisons économiques et industrielles bien sûr, mais aussi pour restaurer le paysage, et enfin pour des raisons environnementales. N'oublions pas que la forêt est, à l'origine, un formidable outil de drainage »
Pour autant, le Département se réjouit de « l'arrivée des grandes infrastructures (LGV, A 65) qui vont permettre de rééquilibrer le territoire vers l'Est ». En revanche, Robert Cabé reste plus circonspect quant au développement de centrales photovoltaiques au sol. « S'il peut se justifier dans quelques cas, comme dans l'exemple du Gabardan, le développement du photovoltaique sur les toits me paraît de loin préférable. » Dans la même veine, il se dit « opposé au défrichage en faveur de l'agriculture ».
Jean-Michel Anaclet, de la chambre d'agriculture, n'en demande pas tant. « Aujourd'hui l'agriculture est l'un des seuls secteurs qui soit excédentaire dans la balance commerciale française. Pour que nous puissions continuer à produire, il faut développer les surfaces, ou alors, ce que nous préférerions, donner les moyens à l'agriculture de poursuivre son intensification. » Cela passe notamment par un accès à l'eau facilité. L'agriculteur insiste également sur la nécessité de « permettre aux exploitations de se restructurer en cas de réalisation de grands ouvrages ».Dominique Maurel et Cécile Agusti Maires en colère La conférence des territoires a été perturbée lundi matin par une intervention des communes forestières qui souhaitaient signifier leur mécontentement au préfet. « En dépit des promesses du Président de la République, aucune solidarité ne s'est exercée pour les 184 communes landaises forestières qui subissent les graves conséquences de la tempête Klaus du 24 janvier 2009 », a souligné Pierre Darmanté, président de l'Association des communes forestières. Outre des pertes de recettes estimées à plus de 36 millions d'euros, des besoins de financement pour reconstituer la forêt et restaurer les routes dégradées à hauteur de 20 millions d'euros, environ soixantaine communes ont vu leur budget 2010 déféré à la chambre régionale des comptes pour y avoir inscrit une subvention attendue de l'État, mais non confirmée. « En conséquence, tous leurs investissements ont été bloqués. »C. A.