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Jaune ou vert, le kiwi de l’Adour voit l’avenir en rose

Face au plébiscite des Français et des Européens pour l’actinidia, la coopérative Scaap Kiwifruits et l’association de producteurs Garlanpy sont en quête de nouveaux producteurs et parlent d’une véritable opportunité à long terme.

file-À Castagnède, le vendredi 18 septembre, ou la veille à Lahontan (notre photo), les responsables de Garlanpy et de la Scaap Kiwifruits ont présenté les opportunités de marché qu’offre aujourd’hui la culture du kiwi
À Castagnède, le vendredi 18 septembre, ou la veille à Lahontan (notre photo), les responsables de Garlanpy et de la Scaap Kiwifruits ont présenté les opportunités de marché qu’offre aujourd’hui la culture du kiwi

Dernièrement, la coopérative Scaap Kiwifruits et le groupement de producteurs Garlanpy ont organisé, la première un forum technique, et le second une journée portes à un jour d’intervalle. Ces deux rendez-vous techniques étaient destinés à promouvoir la filière kiwi auprès de potentiels futurs producteurs.

«Ces animations dans les vergers sont les plus adaptées. On a toujours besoin d’échanger entre professionnels : pour le kiwi ou pour une autre production, que ce soit au niveau des techniques, du climat, tout évolue très vite et donc il faut pouvoir s’y adapter», souligne Fabien Bec, chargé du développement plantation chez Scaap Kiwifruits.

Il y a effectivement fort à dire sur cette culture historiquement présente dans le bassin de l’Adour. Aujourd’hui, ce fruit s’appuie sur une solide notoriété : sa cote de popularité, son goût, ses variétés nouvelles et son attrait nutritionnel, ne cessent d’évoluer et de grandir. Sa consommation sur ces derniers mois en est la preuve.

Fort de cet engouement, la culture offre de belles perspectives à ceux qui voudraient s’y lancer, tant en vert qu’en jaune. «Nous souhaitons planter 100 hectares de chaque variété dans les trois à quatre ans à venir, révèle Franck Gilbert, responsable technique du Garlanpy. Nous nous adressons aussi bien aux producteurs actuels qui souhaiteraient s’agrandir qu’à de nouveaux qui voudraient se lancer.»

Pour la coopérative basée à Labatut dans les Landes, l’objectif est clairement identique. «Aujourd’hui, on est 240 producteurs. Et là, on est en capacité de doubler les volumes actuels, souligne son président François Lafitte. Ce qui nous manque, c’est le produit. Il y a vraiment une opportunité sur le marché qui existe et qui s’inscrit sur le long terme.»

Conjoncture propice

D’autant que la conjoncture apparaît favorable aux kiwiculteurs. Chez Garlanpy, sur la dernière campagne, les producteurs ont été payés en moyenne 1,45 € par kilo de vert et 1,76 € par kilo de jaune. «En vert, c’est le meilleur prix depuis 40 ans», souligne Bernard Saphore, président du Garlanpy. «Et ce n’est pas près de s’arrêter», prédit Julien Pédelucq, président de Sikig, société qui commercialise la production du groupement.

Coprésident du Bureau interprofessionnel du kiwi, ce dernier a assisté, en visioconférence, à la réunion annuelle de l’International Kiwifruit Organization (IKO) organisée les 16 et 17 septembre. «Partout dans le monde, le kiwi a des problèmes techniques, que ce soit dû à des attaques de ravageurs ou au changement climatique. En 5-6 ans, on est, ainsi, passé d’une forte production mondiale avec des prix assez bas à une production en baisse avec des prix assez haut. Clairement, nous allons manquer de fruits. Il y a donc des opportunités à saisir pour ceux qui souhaitent investir. C’est un nouvel âge d’or qui s’annonce pour le kiwi, autant en vert qu’en jaune.»

Bernard Saphore confirme. «En Italie, la production diminue et la concurrence avec ! Et la conjoncture nous est très favorable, car les Français veulent du fruit français.»

Culture complémentaire

Au-delà des aspects économiques, les responsables du groupement ont insisté sur la pertinence du kiwi en tant que culture complémentaire sur une exploitation. «Grâce à des temps de travaux décalés, le kiwi s’intègre très bien avec du maïs ou des animaux, assure Julien Pédelucq. On a quelque chose qui fonctionne et qui ne met pas en péril les autres activités.»

D’un point de vue technique, «le vert reste plus simple à travailler», indique Franck Gilbert. «C’est une culture parfaitement maîtrisée et dont les prix de reprise sont bons. Le jaune est un peu plus technique et demande plus d’investissement, mais les rendements et les prix sont supérieurs.»

D’ailleurs, pour les nouveaux producteurs qui souhaiteraient se lancer, le groupement préconise d’opter sur les deux couleurs, et d’envisager de planter entre 2 et 3 hectares «pour amortir le matériel».

De la matière active dans les sols asphyxiés

Mais tout n’est pas “be kiwi be happy” (N.D.L.R. slogan du kiwi Oscar à traduire “être kiwi, être heureux”). En effet, certains kiwiculteurs sont confrontés à l’asphyxie racinaire dans leurs vergers suite aux inondations à répétition de ces dernières années. La récente canicule estivale n’a fait qu’accentuer le phénomène. «On a des mortalités dans les vieux vergers. On a comptabilisé une centaine d’hectares qui était dans une situation difficile», relève François Lafitte.

Face à ce problème, le président de la Scaap Kiwifruit ne voit pas d’autres solutions que l’arrachage. «C’est malheureux, mais il faut tout arracher. On a commencé chez certains où les arbres ont totalement séché au fil de l’été. La solution est de sous-soler, aérer les terrains et les nettoyer des racines.»
Un lien entre la vie microbienne du sol et l’asphyxie semble d’ailleurs déjà établi. «L’analyse d’échantillons en laboratoire a permis de voir que dans ces vergers en dépérissement la vie microbienne était très faible. Il est donc important de réintroduire de la matière active pour favoriser l’aération du sol et le bon ancrage des racines», juge François Lafitte.
Du côté de Garlanpy, la même prudence est de mise. «Aujourd’hui, nous cherchons des moyens de sauver les vergers qui ne sont pas morts. Nous encourageons les producteurs à réaliser des profils de sols pour voir s’ils sont filtrants ou non. Nous faisons des tests d’apport de matière organique pour aérer les sols. Mais, pour l’instant, c’est surtout beaucoup d’observation…»

Cécile Agusti et Baptiste Ducasse

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