La crainte des incendies dans les Landes
En raison des faibles précipitations, les Landes ont été touchées par de nombreux départs de feu. A l'approche de l'été, la plus grande vigilance s'impose.
La semaine dernière, 131 hectares de pins ont été dévastés aux alentours de Garosse et Rion-des-Landes. Plusieurs dizaines de départs de feu ont déjà été enregistrés en 2010 Le début de la période à risque de feux de forêt s'avère pour le moins délicat dans le massif forestier landais. Depuis le début de l'année, ce sont environ soixante départs de feu qui ont été enregistrés, pour environ 236 hectares de forêt détruits.
Dans notre région, en plus de la période estivale, le printemps constitue, pour des raisons différentes, une saison à risque. « À cette époque de l'année, la force des vents et la sécheresse de la végétation de l'année passée favorisent la propagation des incendies », explique Benoît Bodennec, directeur de la DFCI1 Landes. D'autant plus cette année, où le déficit hydrique enregistré durant les dernières semaines retarde le démarrage de la végétation et notamment des fougères. La portance des sols, souvent réduite à cette période, handicape également les interventions des pompiers.De grosses inquiétudes pour l'été
Au-delà de la problématique climatique, plus d'un an après le passage de la tempête Klaus, la présence de chablis au sol ne fait qu'accroître le danger. À cet égard, la majorité des surfaces ayant brûlé dernièrement concernait des parcelles dont les chablis n'avaient pas encore été exploités. À l'heure actuelle, plus de 16 millions de m3 de bois ont été exploités sur les 40 millions tombés au sol en janvier 2009. Sur le feu de Rion-des-Landes et Garrosse, 60 % de la surface touchée concernait des parcelles non nettoyées. Malgré les gros efforts entrepris depuis un an pour dégager la forêt, l'année 2010 s'annonce donc d'ores et déjà périlleuse sur le plan des incendies.Afin d'assurer un accès au massif forestier et de garantir une rapidité d'intervention aux pompiers, le dégagement des pistes constituait l'autre gros chantier de l'après tempête. Un an après le sinistre, Benoît Bodennec témoigne que « l'ouverture des pistes et chemins est quasiment terminée ».
Au total, ce sont plus de 20 000 km d'accès qui ont pu être nettoyés et rouverts gràce aux actions des ASA de DFCI. Toutefois, l'exploitation intensive des chablis dans certaines parcelles, a conduit à de nouvelles difficultés. En effet, le passage des engins forestiers dans des sols humides a engendré une dégradation sérieuse de nombreuses voies d'accès. Il s'agit là d'un problème de taille auquel doit aujourd'hui faire face la DFCI. Afin de « refaire du massif aquitain un modèle dans la prévention des incendies », la structure est aujourd'hui en attente de crédits de l'État et de l'Europe. Benoît Bodennec invite également les propriétaires forestiers à prendre des garanties afin que l'entreprise qui exploite le bois assure aussi la remise en état des pistes.Dans l'attente du retour de la pluie, qui devrait logiquement limiter le danger jusqu'à l'été, le département doit faire face à un risque très sévère d'incendie (lire également zoom ci-dessus). Même si certains des départs de feu enregistrés depuis le début de l'année ont des causes encore inconnues, à cette saison, l'origine accidentelle est très fréquente.À ce titre, il faut rappeler que l'incinération de déchets de débroussaillement est formellement interdite. Dans la perspective de la saison estivale, les différents acteurs de la filière appellent à la plus grande vigilance afin de prévenir de nouveaux sinistres dont la forêt landaise n'a vraiment pas besoin
Fabien Brèthes
1. DFCI : Association de défense des forêts contre l'incendie Année à haut risque En raison d'un cycle de sécheresse et d'un vent de secteur nord-est régulier, le risque d'incendie se trouve ce printemps à son maximum. Selon le SDIS, la période de bascule entre les feux de printemps et d'été constitue le « pic du risque ». Cette situation a poussé la structure à placer le département en risque sévère,ce qui induit un renforcementdes moyens d'intervention.À l'approche de l'été,les pompiers redoutent maintenant les orages susceptibles d'engendrer des départs de feu à n'importe quel endroit du massif. Pour cette année, qui est, selon le SDIS, la plus critique sur le plan des incendies, deux canadairs seront stationnés sur le site de Mérignac, du 1er juillet au 31 août.