La demande de céréales sera difficilement satisfaite
La production mondiale a engagé une course de vitesse avec la demande. Et pour le moment la demande est en tête. Une situation difficile qui met la sécurité alimentaire mondiale à découvert. Le phénomène touche particulièrement les grandes zones exportatrices de la planète
La baisse des stocks de céréales dans les pays exportateurs est un élément susceptible de faire monter les cours», explique Frédéric Ternois, trader pour le groupe Soufflet. Mais, selon lui, cette tendance cache en réalité un transfert des stocks mondiaux vers de grands pays importateurs comme la Chine et l'Inde. Depuis 2008, ces pays ont pris conscience du danger de leur dépendance aux importations alimentaires et stockeraient massivement.
Ainsi, face aux cours élevés des grandes cultures, ces pays peuvent différer leur demande en «tapant dans leurs stocks». La Chine disposerait toujours de 54 millions de tonnes de mais dans ses greniers, soit près de la moitié des stocks mondiaux, qui devraient atteindre les 117 millions de tonnes fin 2012-2013.
Des stocks très tendus
«Depuis 2007-2008, les stocks mondiaux de céréales ne se sont pas reconstitués, malgré une bonne récolte en 2010», explique Frédéric Ternois. Il indique que, depuis 2009-2010, les réserves mondiales de grains ont baissé de 18%. Ces stocks très tendus, «ne donnent pas d'autre choix que de réduire la demande pour d'autres usages», selon le trader. Mais pour que, d'ici la fin de la saison commerciale 2012-2013, la demande se replie, comme le prévoit l'USDA, Frédéric Tournois pense que «les prix devront continuer à s'apprécier». Et, dans un contexte de pénurie, les raisons de hausse ne manquent pas.
Aux États-Unis, si les cours du mais ont déjà bien progressé avec la sécheresse de l'été dernier, une détente pourrait arriver de l'Amérique du Sud. En effet, les récoltes brésiliennes et argentines de mais pourraient arriver sur les marchés dans les premiers mois de 2013. Cependant, des disponibilités serrées dans ces pays, ainsi que des conditions de semis difficiles en Argentine, pourraient ne pas permettre aux marchés de se détendre. Selon le Conseil international des céréales (CIC), si l'hémisphère sud doit, au total, atteindre un nouveau record cette année en termes de production de mais, des disponibilités mondiales resserrées vont limiter les usages pour l'alimentation animale et l'industrie. Le CIC parle même d'un déclin des utilisations du mais pour ces débouchés pour la première fois en dix-neuf ans.
Le blé a encore de la marge à la hausse
Concernant le blé, la céréale qui guidera les marchés en Europe de l'avis de nombreux spécialistes, le constat n'est pas plus réjouissant. En effet, l'offre de blé de la mer Noire commençant à manquer, après une récolte catastrophique en 2012, les prix de ces origines remontent, les rendant moins compétitives. Les blés américains sont quant à eux encore trop chers pour intéresser les importateurs. Reste l'Europe, vers laquelle les acheteurs se tournent désormais. Cependant, Frédéric Ternois prévient: «Si l'Europe surpasse ses capacités d'exportations de blé, de fortes hausses de cours peuvent se produire et mettre la pression sur le marché intérieur». Pour pallier cette situation et approvisionner le marché de l'alimentation animale, l'Europe pourrait importer près de 11 à 12 millions de tonnes de mais en 2012, contre 5,6 millions en 2011. Une tendance qui entraînera de fait les cours du mais à la hausse. Aux États-Unis, la récente dégradation de l'état des cultures de blé pour la récolte 2013 ne permettra pas de détendre la situation. En effet, l'humidité des sols américains ne s'étant pas reconstituée, les plants de blé sont estimés à 33% dans des conditions bonnes à excellentes, «la moins bonne note depuis 25 ans», selon l'USDA. Une détente possible Cependant quelques éléments de baisse des cours existent. Déjà , la stagnation des productions d'éthanol aux États-Unis permettrait de libérer près de 13 millions de tonnes de mais sur les marchés en 2012-2013, selon Frédéric Ternois. Des marges de distillerie négatives auraient entraîné la fermeture de plusieurs usines dans ce pays. D'autre part, le COPA-Cogeca a récemment estimé que la production de viande bovine pourrait baisser de 4,8% en Europe en 2012 par rapport à 2011, et de 3% pour le cheptel souche de vaches allaitantes. Aux États-Unis, une baisse de 4% de l'élevage bovin est aussi attendue. Elle serait de 2% toutes productions de viandes confondues. La Chine ferait aussi face à un phénomène de décapitalisation de son élevage porcin, motivé, comme en Occident, par un croisement des coûts de production, élevés par les cours des céréales, et des prix de ventes, trop bas. Pression sur les cours Par ailleurs, un disponible exportable de 20 millions de tonnes de mais au Brésil, un record, pourrait amener de l'air. Mais la logistique du pays étant accaparée par le soja, des retards d'expédition pourraient maintenir la pression sur les cours. Pour le blé, si des disponibilités à l'exportation existent aux États-Unis, leurs prix sont trop élevés par rapport au marché mondial. Un scénario possible, lorsque l'on sait qu'en Australie le disponible exportable pourrait baisser de 7 millions de tonnes en 2012-2013 et trouver preneur surtout en Asie. De plus, l'Europe pourrait n'augmenter ses exportations de blé que d'un million de tonnes et l'Argentine devrait concentrer ses débouchés sur l'Amérique du Sud. Les acheteurs du Maghreb et du Proche-Orient seraient ainsi obligés de mettre le prix pour satisfaire leurs besoins en blé, en s'alignant sur les cours affichés aux États-Unis. Surtout lorsque l'Europe aura fini d'engager ses blés à l'exportation.
Aux États-Unis, si les cours du mais ont déjà bien progressé avec la sécheresse de l'été dernier, une détente pourrait arriver de l'Amérique du Sud. En effet, les récoltes brésiliennes et argentines de mais pourraient arriver sur les marchés dans les premiers mois de 2013. Cependant, des disponibilités serrées dans ces pays, ainsi que des conditions de semis difficiles en Argentine, pourraient ne pas permettre aux marchés de se détendre. Selon le Conseil international des céréales (CIC), si l'hémisphère sud doit, au total, atteindre un nouveau record cette année en termes de production de mais, des disponibilités mondiales resserrées vont limiter les usages pour l'alimentation animale et l'industrie. Le CIC parle même d'un déclin des utilisations du mais pour ces débouchés pour la première fois en dix-neuf ans.
Le blé a encore de la marge à la hausse
Concernant le blé, la céréale qui guidera les marchés en Europe de l'avis de nombreux spécialistes, le constat n'est pas plus réjouissant. En effet, l'offre de blé de la mer Noire commençant à manquer, après une récolte catastrophique en 2012, les prix de ces origines remontent, les rendant moins compétitives. Les blés américains sont quant à eux encore trop chers pour intéresser les importateurs. Reste l'Europe, vers laquelle les acheteurs se tournent désormais. Cependant, Frédéric Ternois prévient: «Si l'Europe surpasse ses capacités d'exportations de blé, de fortes hausses de cours peuvent se produire et mettre la pression sur le marché intérieur». Pour pallier cette situation et approvisionner le marché de l'alimentation animale, l'Europe pourrait importer près de 11 à 12 millions de tonnes de mais en 2012, contre 5,6 millions en 2011. Une tendance qui entraînera de fait les cours du mais à la hausse. Aux États-Unis, la récente dégradation de l'état des cultures de blé pour la récolte 2013 ne permettra pas de détendre la situation. En effet, l'humidité des sols américains ne s'étant pas reconstituée, les plants de blé sont estimés à 33% dans des conditions bonnes à excellentes, «la moins bonne note depuis 25 ans», selon l'USDA. Une détente possible Cependant quelques éléments de baisse des cours existent. Déjà , la stagnation des productions d'éthanol aux États-Unis permettrait de libérer près de 13 millions de tonnes de mais sur les marchés en 2012-2013, selon Frédéric Ternois. Des marges de distillerie négatives auraient entraîné la fermeture de plusieurs usines dans ce pays. D'autre part, le COPA-Cogeca a récemment estimé que la production de viande bovine pourrait baisser de 4,8% en Europe en 2012 par rapport à 2011, et de 3% pour le cheptel souche de vaches allaitantes. Aux États-Unis, une baisse de 4% de l'élevage bovin est aussi attendue. Elle serait de 2% toutes productions de viandes confondues. La Chine ferait aussi face à un phénomène de décapitalisation de son élevage porcin, motivé, comme en Occident, par un croisement des coûts de production, élevés par les cours des céréales, et des prix de ventes, trop bas. Pression sur les cours Par ailleurs, un disponible exportable de 20 millions de tonnes de mais au Brésil, un record, pourrait amener de l'air. Mais la logistique du pays étant accaparée par le soja, des retards d'expédition pourraient maintenir la pression sur les cours. Pour le blé, si des disponibilités à l'exportation existent aux États-Unis, leurs prix sont trop élevés par rapport au marché mondial. Un scénario possible, lorsque l'on sait qu'en Australie le disponible exportable pourrait baisser de 7 millions de tonnes en 2012-2013 et trouver preneur surtout en Asie. De plus, l'Europe pourrait n'augmenter ses exportations de blé que d'un million de tonnes et l'Argentine devrait concentrer ses débouchés sur l'Amérique du Sud. Les acheteurs du Maghreb et du Proche-Orient seraient ainsi obligés de mettre le prix pour satisfaire leurs besoins en blé, en s'alignant sur les cours affichés aux États-Unis. Surtout lorsque l'Europe aura fini d'engager ses blés à l'exportation.