La filière forêt/bois cherche financements
Près de 150 millions d’euros par an seraient nécessaires pour redonner au secteur forestier un nouvel élan et lui permettre d’affronter les enjeux, tels que celui du réchauffement climatique.
La filière bois et forêt est «un secteur qui souhaite ouvrir un dialogue avec tous ceux qui veulent investir» déclarait d’entrée de jeu, Luc Charmasson, président de France Bois Industries Entreprises (FBIE), lors d’une conférence au ministère de l’agriculture ce mardi 27 octobre.
«Le secteur de la forêt a longtemps vécu dans un isolement relatif, en comparaison de nos voisins européens» renchérit Pierre Achard, président de l’Association des sociétés et groupements fonciers et forestiers (Asffor), en précisant, «le mode de financement en était la conséquence. Avant, l’État investissait pour combler les trous. Aujourd’hui, cela ne me paraît plus adapté à la demande».
«Il faut moderniser la filière par l’économie et des partenariats public/privé» précise Luc Charmasson, «La filière bois est un pilier de l’économie bas carbone, il faut une stratégie filière à travers les contrats filières» souligne-t-il.
Plusieurs pistes
Face à ces constats, plusieurs pistes de financement sont proposées. Pierre Achard en présentait quatre.
- La première concerne les compagnies d’assurances, qui ne possèdent que très peu de «forêt» dans leur épargne.
- La deuxième est liée au marché du carbone, c’est un sujet complexe mais il serait normal qu’il y ait une compensation financière pour l’effort de captation de carbone par la forêt.
- La troisième suggère l’idée d’une séparation de la propriété et de l’exploitation. En France, il y a beaucoup de petites parcelles, il serait envisageable de les réunir uniquement pour l’exploitation.
- La quatrième piste passerait par des aides en provenance des banques européennes.
Le président des forestiers privés de France (Fransylva) Antoine d’Amécourt rappelle, quant à lui, qu’il n’y a plus de fonds forestier national en France depuis 2000. En revanche, explique-t-il avec la loi de modernisation agricole et forestière (loi d’Avenir) datant de 2014, «un fonds de dotation des investissements a été créé…».
Ce que confirmait le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, qui insistait pour sa part, sur «l’importance de travailler ensemble», notamment pour la coexistence entre agriculture et forêt qui «sont souvent en concurrence l’une et l’autre. Lorsque l’une se développe, c’est généralement au détriment de l’autre…».
Cette réflexion doit être guidée par une vision à long terme: les décisions d’aujourd’hui doivent en effet rapporter des réponses aux enjeux des futures décennies.
Anticiper les changements climatiques
«Ce que nous avons aujourd’hui comme forêt, c’est ce qui a été décidé il y a 60 ans» insiste ainsi Stéphane Le Foll, «il faut donc que l’on teste les essences maintenant pour anticiper les changements climatiques de demain». Car, comme le confirme Cyril Le Picard, président de France Bois Forêt (FBF), ce secteur économique peut apporter de vraies solutions: «aujourd’hui, précise-t-il la forêt compense 20% des émissions de CO2 en France» mais selon lui «on pourrait arriver à 40% pour 2030, en développant une sylviculture dynamique».
Et ceci «tout en continuant à gérer durablement les forêts, en régénérant et régulant les essences, et en adaptant la filière aux marchés» assure le président de France Bois Forêt. À l’inverse, une forêt non gérée séquestrerait quatre fois moins de CO2 qu’une forêt administrée par l’homme.
La filière bois en chiffres La filière forêt/bois française représente 440.000 emplois et 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires. |