La forêt landaise face aux grands vents
Depuis deux siècles, l'histoire de la forêt landaise est marquée par les passages de nombreuses tempêtes et ouragans. Ces coups de vents amènent une véritable incertitude pour la gestion du massif.
Le 23 janvier 2009, Klaus dévastait la forêt landaise. Cette tempête, qui a jeté à terre plus de 40 millions de m3 de bois, a affecté très sévèrement l'économie de toute la filière sylvicole et durablement amputé le potentiel de production de la forêt.
Dix ans plus tôt, du 26 au 28 décembre 1999, deux cyclones extra-tropicaux, Lothar et Martin, affectaient l'Europe de l'Ouest, le dernier touchant plus particulièrement le Sud-ouest. Qui ne se souvient pas de ces coups de vent qui avaient balayé la France d'Ouest en Est durant la période des fêtes de fin d'année. Déjà , le massif des Landes de Gascogne, plus particulièrement sa partie nord, avait connu des pertes forestières très lourdes.
En à peine dix ans, ce sont donc deux tempêtes dévastatrices qui ont balayé la forêt des Landes. Il semble donc tout à fait légitime de s'interroger plus en détail sur ce facteur d'incertitude qui impacte la gestion forestière en raison de son actuelle forte récurrence.
L'aventure mouvementée du massif forestierJean Yves Puyo est maître de conférences à l'université de Pau et des Pays de l'Adour (membre du laboratoire CNRS SET). À l'occasion de l'assemblée générale du GPF sud Adour, ce géographe est revenu sur l'aventure ô combien mouvementée du massif forestier landais. Bref retour sur l'histoire : « On retrouve dès le XIVe siècle la préoccupation d'aménager les forêts. Les ordonnances vont se succéder afin de définir des normes de gestion ». Jusqu'au XIXe siècle, ces démarches, qui visent avant tout à fournir du bois pour la construction navale (arsenal de Bayonne par exemple), connaissent des résultats mitigés.
Localement, il faudra attendre la loi du 19 juin 1857 pour que soient décidé l'assainissement et le reboisement massif des Landes de Gascogne. Cette date marque la naissance de la forêt de production telle que l'on peut la connaître aujourd'hui. Dès lors, ce massif forestier devra essuyer à maintes reprises des épisodes venteux plus ou moins importants et localisés.
Les deux dernières tempêtes que nous avons connues ne constituent donc pas des phénomènes exceptionnels, « la récurrence de ces évènements demeure élevée ». 1893, 1911, 1915, 1976, 1999, 2009, autant d'évènements spectaculaires qui couvrirent une très grande superficie départementale et débordèrent même sur les départements voisins. À chaque fois, ces catastrophes surprennent par leur violence et sont considérées comme « jamais vues ». L'analyse historique dément pourtant cette pensée.
Le premier exemple recensé par le géographe concerne l'ouragan du 21 février 1893, « il s'agit de la première catastrophe qui ait meurtri un département landais remodelé d'un point de vue forestier depuis alors près de trente-cinq ans ». Le sud du département, comprenant la Chalosse et des cantons très forestiers (Soustons, Saint-Martin-de-Seignanx, Saint-Vincent-de-Tyrosse), n'est que faiblement touché. À l'époque, le recensement des dégàts n'est que sommaire et ne concerne, en outre, que les arbres « marchands », c'est-à -dire ceux qui sont àgés de 40 ans et plus.
Malgré ce manque de données, Jean Yves Puyo estime que les dégàts occasionnés à la forêt sont considérables et les conséquences économiques majeures. Cette analyse est confortée par les écrits de l'époque, tels que ceux du Républicain Landais qui relate alors que « les pertes éprouvées par les propriétaires des terrains boisés sont incalculables ».
Le 25 février 1915, un nouvel ouragan vient frapper les Landes. Cette fois, c'est la zone sud du département qui est la plus touchée. Des coupures de presse de l'époque font état de descriptions confondantes, quasiment similaires à celles réalisées voilà 18 mois, après le passage de la tempête Klaus, « dans les communes de Haut Mauco, Benquet et Saint Pierre du Mont, des forêts de pins ont été pour ainsi dire anéanties Ce n'est plus dans les bois qu'en fouillis de pins déracinés, tordus, décimés, qui, les uns les autres, atteignent une hauteur de plusieurs mètres ».
Suite à ce terrible épisode, plus de 70 ans vont s'écouler avant que la forêt ne subisse à nouveau les foudres du climat, les 1er et 2 décembre 1976. Cette chronologie prouve que la fréquence de tels évènements est particulièrement variable. À l'heure où les professionnels ambitionnent la mise en place d'un système de sécurisation performant, elle démontre aussi que les aléas climatiques engendrent une réelle incertitude dans la gestion d'un massif forestier.
Fabien Brèthes
Dix ans plus tôt, du 26 au 28 décembre 1999, deux cyclones extra-tropicaux, Lothar et Martin, affectaient l'Europe de l'Ouest, le dernier touchant plus particulièrement le Sud-ouest. Qui ne se souvient pas de ces coups de vent qui avaient balayé la France d'Ouest en Est durant la période des fêtes de fin d'année. Déjà , le massif des Landes de Gascogne, plus particulièrement sa partie nord, avait connu des pertes forestières très lourdes.
En à peine dix ans, ce sont donc deux tempêtes dévastatrices qui ont balayé la forêt des Landes. Il semble donc tout à fait légitime de s'interroger plus en détail sur ce facteur d'incertitude qui impacte la gestion forestière en raison de son actuelle forte récurrence.
L'aventure mouvementée du massif forestierJean Yves Puyo est maître de conférences à l'université de Pau et des Pays de l'Adour (membre du laboratoire CNRS SET). À l'occasion de l'assemblée générale du GPF sud Adour, ce géographe est revenu sur l'aventure ô combien mouvementée du massif forestier landais. Bref retour sur l'histoire : « On retrouve dès le XIVe siècle la préoccupation d'aménager les forêts. Les ordonnances vont se succéder afin de définir des normes de gestion ». Jusqu'au XIXe siècle, ces démarches, qui visent avant tout à fournir du bois pour la construction navale (arsenal de Bayonne par exemple), connaissent des résultats mitigés.
Localement, il faudra attendre la loi du 19 juin 1857 pour que soient décidé l'assainissement et le reboisement massif des Landes de Gascogne. Cette date marque la naissance de la forêt de production telle que l'on peut la connaître aujourd'hui. Dès lors, ce massif forestier devra essuyer à maintes reprises des épisodes venteux plus ou moins importants et localisés.
Les deux dernières tempêtes que nous avons connues ne constituent donc pas des phénomènes exceptionnels, « la récurrence de ces évènements demeure élevée ». 1893, 1911, 1915, 1976, 1999, 2009, autant d'évènements spectaculaires qui couvrirent une très grande superficie départementale et débordèrent même sur les départements voisins. À chaque fois, ces catastrophes surprennent par leur violence et sont considérées comme « jamais vues ». L'analyse historique dément pourtant cette pensée.
Le premier exemple recensé par le géographe concerne l'ouragan du 21 février 1893, « il s'agit de la première catastrophe qui ait meurtri un département landais remodelé d'un point de vue forestier depuis alors près de trente-cinq ans ». Le sud du département, comprenant la Chalosse et des cantons très forestiers (Soustons, Saint-Martin-de-Seignanx, Saint-Vincent-de-Tyrosse), n'est que faiblement touché. À l'époque, le recensement des dégàts n'est que sommaire et ne concerne, en outre, que les arbres « marchands », c'est-à -dire ceux qui sont àgés de 40 ans et plus.
Malgré ce manque de données, Jean Yves Puyo estime que les dégàts occasionnés à la forêt sont considérables et les conséquences économiques majeures. Cette analyse est confortée par les écrits de l'époque, tels que ceux du Républicain Landais qui relate alors que « les pertes éprouvées par les propriétaires des terrains boisés sont incalculables ».
Le 25 février 1915, un nouvel ouragan vient frapper les Landes. Cette fois, c'est la zone sud du département qui est la plus touchée. Des coupures de presse de l'époque font état de descriptions confondantes, quasiment similaires à celles réalisées voilà 18 mois, après le passage de la tempête Klaus, « dans les communes de Haut Mauco, Benquet et Saint Pierre du Mont, des forêts de pins ont été pour ainsi dire anéanties Ce n'est plus dans les bois qu'en fouillis de pins déracinés, tordus, décimés, qui, les uns les autres, atteignent une hauteur de plusieurs mètres ».
Suite à ce terrible épisode, plus de 70 ans vont s'écouler avant que la forêt ne subisse à nouveau les foudres du climat, les 1er et 2 décembre 1976. Cette chronologie prouve que la fréquence de tels évènements est particulièrement variable. À l'heure où les professionnels ambitionnent la mise en place d'un système de sécurisation performant, elle démontre aussi que les aléas climatiques engendrent une réelle incertitude dans la gestion d'un massif forestier.
Fabien Brèthes