Le kiwi, un fruit aux multiples atouts
Interfel (1) a organisé un voyage à la découverte du kiwi, dans les pays de l'Adour. Inconnu il y a trente ans, il est devenu un fruit familier dans l'alimentation des Français.
Pendant trois semaines, le Hayward, kiwi vert le plus connu, est ramassé avec un minimum de taux de sucre et de matière sèche. Puis il est « affiné » dans des frigos pendant un à six mois afin que l'amidon présent dans le fruit se transforme en sucr
Il y a encore trente ans, le kiwi était étranger aux consommateurs. Il représente aujourd'hui la septième espèce de fruits, produite en France, derrière les pommes, poires, melons, pêches, nectarines et abricots. Le verger kiwi français se maintient en termes de surface, contrairement à d'autres en difficulté économique. Dans le monde, sa production est d'environ 2,2 millions de tonnes chaque année. Chine, Italie et Nouvelle-Zélande sont les principaux producteurs mondiaux. La France se classe, quant à elle, à la sixième place avec 60.000 à 75.000 tonnes récoltées chaque année et exporte 33 % de sa production principalement en Europe (Belgique, Espagne, Allemagne), en Asie (Chine, Taiwan) et en Australie.
C'est Henri Pédelucq, qui dans les années 1960, a planté pour la première fois en Europe du kiwi Hayward, avant de créer en 1977 la société Sikig pour le commercialiser. « À peu près au même moment, des expériences en Californie et en Nouvelle-Zélande m'ont convaincu du potentiel de ce fruit, encore méconnu en France », explique François Lafitte, qui s'est lancé dans la production en 1979. Confronté à des difficultés de commercialisation, il crée sa marque en 1980. En 1982, il s'unit à une trentaine de producteurs pour fonder la Scaap Kiwifruits de France, dont il est le président. Elle compte aujourd'hui 300 producteurs et est leader français avec 17.000 tonnes de kiwis qui passent chaque année par sa société de commercialisation, Prim'land.
Produit sur une liane
François Lafitte exploite aujourd'hui 40 hectares. Il faut attendre trois à quatre ans avant qu'un arbre produise des fruits. « L'investissement dans une plantation de kiwis est important (50.000 euros l'hectare) et le retour sur investissement non immédiat. Cependant, notre capacité à créer une dynamique de production et de commercialisation donne des perspectives intéressantes. Dans de bonnes conditions, un producteur seul peut dégager du résultat avec 4 à 5 hectares », poursuit le producteur. Il faut compter un rendement de 30 tonnes à l'hectare.
Pour s'épanouir, le kiwi a besoin d'un sol fertile, humide, légèrement acide, et d'un emplacement ensoleillé à l'abri du vent. Il pousse sur une liane, actinidia, très vigoureuse. Elle demande de nombreuses heures de travail aux producteurs pour assurer son taillage et l'attacher sur un système de palissage en forme de T-Bars. Résistant naturellement aux insectes ravageurs, l'actinidia nécessite très peu de traitement.
C'est au printemps, lorsque les bourgeons apparaissent que la production de kiwis demande le plus de surveillance, car si la liane supporte des températures négatives – jusqu'à - 15 °C – ses bourgeons résistent mal aux gels printaniers. Ainsi, quand la température chute, le kiwiculteur déclenche un système d'arrosage pour protéger le bourgeon. Le nombre de boutons floraux permet une première estimation de la future récolte.
Des abeilles pour avoir des baies
Autre étape importante, la pollinisation (transformation des fleurs en baies) qui débute en mai. Pour la faciliter, les producteurs peuvent installer des ruches ou apporter du pollen sur les fleurs. Ensuite, jusqu'en juin, le producteur éclaircit, c'est-à -dire qu'il élimine manuellement les fruits défectueux pour favoriser le développement de fruits sains.
L'été, un éclaircissage et un taillage sont nécessaires, évitant le risque de maladies et favorisant le grossissement des fruits. « A cette période, le kiwi est également très sensible au manque d'eau. Les kiwis sont récoltés de fin septembre à novembre ». De décembre à février, une seconde taille est réalisée pour favoriser le développement de nouvelles pousses sur lesquelles, au printemps, apparaîtront les bourgeons.
La récolte s'effectue manuellement sur trois semaines. « Une attention particulière est à porter à la qualité du fruit. Même si le fruit est dur, il est assez fragile. » Un plant peut donner jusqu'à 1.000 kiwis. Emmener en station de conditionnement, ils sont alors calibrés, triés, puis conservés par lot et par verger en chambres froides d'affinage, où ils restent au minimum un mois. «L'affinage est une étape importante. Elle demande de la surveillance. C'est à ce moment-là que l'amidon se transforme en sucre. Il faut gérer l'eau et la température», remarque François Lafitte. Ils sont ensuite acheminés à la demande vers les points de vente, ce qui permet d'assurer leur présence sur les étals de novembre à mai à un prix moyen oscillant entre 2,5 et 3,20 euros le kilo. Un kiwi moyen pèse 90 à 100 grammes.
Cyrielle Delisle
(1) Interprofession de la filière des fruits et légumes frais.