Le Maire très attendu par les producteurs de légumes
La contractualisation et l'accord sur la modération des marges de la distribution inquiètent les producteurs de Légumes de France qui tiendront leur congrès à Bordeaux, dès le 30 novembre.
Les producteurs de légumes espèrent que le ministre leur apportera des réponses concrètes, notamment concernant la répartition des marges et la réduction des coûts de main-d'oeuvre. © Réussir
La situation des marchés des légumes en 2010 est sans commune mesure avec celle de 2009 caractérisée par des prix trop bas : la plupart des productions de plein champ viennent de connaître une année normale. Pourtant les producteurs de légumes grimacent : l'application de la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche (LMAP), adoptée cet été, interroge énormément l'organisation Légumes de France. Elle tiendra son 54e congrès national à Bordeaux (Parc des Expositions de Bordeaux-Lac) les 30 novembre et 1er décembre prochains, en même temps que le Vinitech-Sifel (Mondial des équipements et services des filières vitivinicoles et fruits et légumes, du 30 novembre au 2 décembre).
Marges : un accord qui passe mal
Le ministre de l'Agriculture est attendu au congrès pour prononcer un discours le 1er décembre en fin d'après-midi. La présidente de Légumes de France, Angélique Delahaye, compte bien signifier à Bruno Le Maire les attentes des producteurs au sujet de la contractualisation, effective le 1er mars 2011, et de l'accord sur la modération des marges de la distribution, intervenu en mai dernier à l'initiative de l'Élysée.
Sur l'engagement des distributeurs à modérer leurs marges pour l'ensemble des fruits et légumes pendant les situations de crise conjoncturelle, Légumes de France est déçu. « Nous voyons bien aujourd'hui les limites de cet accord conclu d'ailleurs sans les producteurs par l'exécutif : il n'entraîne aucune hausse des prix à la production et les distributeurs exercent une pression accrue pour maintenir les prix actuels de vente au détail », dénonce Angélique Delahaye. Du coup la distribution maintient ses marges.
Cet accord a été signé le 17 mai dernier par sept enseignes à l'Élysée, en présence de Nicolas Sarkozy. Le texte stipule que le prix de vente au consommateur ne doit pas être supérieur au prix pratiqué avant l'entrée en vigueur de l'accord. « Mais si le prix d'avant accord était déjà très bas en raison d'opérations de promotion, alors il restera toujours très bas », fustige la présidente de Légumes de France. La remise d'un rapport public portant sur l'application de cet accord est théoriquement programmée au 1er mars 2011.
Contractualisation difficilement applicable
Le décret de mise en oeuvre de la contractualisation dans les fruits et légumes, lui, devrait être publié prochainement. Il est pour l'instant en cours d'examen au Conseil d'État. Mais la contractualisation telle qu'elle a été avalisée en CSO (Conseil supérieur de coordination et d'orientation de l'économie agricole et agroalimentaire) à la rentrée ne satisfait aucunement les producteurs de légumes car « elle n'est applicable qu'à un stade de la filière, celui de la première mise en marché », arguent-ils, réclamant sa généralisation à tous les stades.
Il s'agirait, par exemple, d'un contrat passé entre un producteur et sa coopérative. « Mais il existe différents flux d'écoulement de nos produits avec l'aval, explique Angélique Delahaye, et le commerce cherche toujours à éviter le maximum de contraintes ; le risque est d'aboutir à un déséquilibre de marché quand le commerce ira s'approvisionner là où c'est le plus facile ».
Pour Légumes de France, il faut aussi arriver à un accord « sur la promotion des produits », dans le cadre de contrats, car les prix de promotion décidés en distribution sont parfois complètement déconnectés du marché. Enfin, l'organisation syndicale conseille aux producteurs d'élaborer au plus vite, via leur organisation économique par produit, « leurs propositions commerciales » en vue de conclure les futurs contrats d'approvisionnement avec leurs acheteurs.
Enfin, la compétitivité du secteur est un autre sujet de débat chez les producteurs de légumes. Satisfait de la réduction du coût du travail saisonnier en agriculture décidée par le gouvernement via une exonération de charges patronales, Légumes de France attend maintenant une mesure similaire pour le travail permanent. L'Allemagne voisine est en effet bien plus compétitive en raison d'un coût du travail horaire inférieur à celui pratiqué en France.
« Nous avons proposé aux pouvoirs publics, il y a déjà quelques mois, des dispositifs fiscaux susceptibles de réduire le coût du travail », rappelle Angélique Delahaye. La loi de modernisation stipule aussi que des propositions de financements alternatifs de la protection sociale en agriculture seront formulées d'ici juillet 2011. Légumes de France attend maintenant de savoir si Bruno Le Maire viendra à Bordeaux avec du nouveau sur la question des charges.
Des débats à venir
La question de l'avenir de l'organisation commune de marchés (OCM) fruits et légumes et celle du contenu du second pilier de la future PAC 2014-2020 sont quelques-uns des points encore en débat au sein des producteurs de Légumes de France, a déclaré leur présidente Angélique Delahaye, le 18 novembre. Elle souhaite en tout cas que les producteurs de légumes « ne soient pas une fois de plus les oubliés du système ».
Marges : un accord qui passe mal
Le ministre de l'Agriculture est attendu au congrès pour prononcer un discours le 1er décembre en fin d'après-midi. La présidente de Légumes de France, Angélique Delahaye, compte bien signifier à Bruno Le Maire les attentes des producteurs au sujet de la contractualisation, effective le 1er mars 2011, et de l'accord sur la modération des marges de la distribution, intervenu en mai dernier à l'initiative de l'Élysée.
Sur l'engagement des distributeurs à modérer leurs marges pour l'ensemble des fruits et légumes pendant les situations de crise conjoncturelle, Légumes de France est déçu. « Nous voyons bien aujourd'hui les limites de cet accord conclu d'ailleurs sans les producteurs par l'exécutif : il n'entraîne aucune hausse des prix à la production et les distributeurs exercent une pression accrue pour maintenir les prix actuels de vente au détail », dénonce Angélique Delahaye. Du coup la distribution maintient ses marges.
Cet accord a été signé le 17 mai dernier par sept enseignes à l'Élysée, en présence de Nicolas Sarkozy. Le texte stipule que le prix de vente au consommateur ne doit pas être supérieur au prix pratiqué avant l'entrée en vigueur de l'accord. « Mais si le prix d'avant accord était déjà très bas en raison d'opérations de promotion, alors il restera toujours très bas », fustige la présidente de Légumes de France. La remise d'un rapport public portant sur l'application de cet accord est théoriquement programmée au 1er mars 2011.
Contractualisation difficilement applicable
Le décret de mise en oeuvre de la contractualisation dans les fruits et légumes, lui, devrait être publié prochainement. Il est pour l'instant en cours d'examen au Conseil d'État. Mais la contractualisation telle qu'elle a été avalisée en CSO (Conseil supérieur de coordination et d'orientation de l'économie agricole et agroalimentaire) à la rentrée ne satisfait aucunement les producteurs de légumes car « elle n'est applicable qu'à un stade de la filière, celui de la première mise en marché », arguent-ils, réclamant sa généralisation à tous les stades.
Il s'agirait, par exemple, d'un contrat passé entre un producteur et sa coopérative. « Mais il existe différents flux d'écoulement de nos produits avec l'aval, explique Angélique Delahaye, et le commerce cherche toujours à éviter le maximum de contraintes ; le risque est d'aboutir à un déséquilibre de marché quand le commerce ira s'approvisionner là où c'est le plus facile ».
Pour Légumes de France, il faut aussi arriver à un accord « sur la promotion des produits », dans le cadre de contrats, car les prix de promotion décidés en distribution sont parfois complètement déconnectés du marché. Enfin, l'organisation syndicale conseille aux producteurs d'élaborer au plus vite, via leur organisation économique par produit, « leurs propositions commerciales » en vue de conclure les futurs contrats d'approvisionnement avec leurs acheteurs.
Enfin, la compétitivité du secteur est un autre sujet de débat chez les producteurs de légumes. Satisfait de la réduction du coût du travail saisonnier en agriculture décidée par le gouvernement via une exonération de charges patronales, Légumes de France attend maintenant une mesure similaire pour le travail permanent. L'Allemagne voisine est en effet bien plus compétitive en raison d'un coût du travail horaire inférieur à celui pratiqué en France.
« Nous avons proposé aux pouvoirs publics, il y a déjà quelques mois, des dispositifs fiscaux susceptibles de réduire le coût du travail », rappelle Angélique Delahaye. La loi de modernisation stipule aussi que des propositions de financements alternatifs de la protection sociale en agriculture seront formulées d'ici juillet 2011. Légumes de France attend maintenant de savoir si Bruno Le Maire viendra à Bordeaux avec du nouveau sur la question des charges.
Des débats à venir
La question de l'avenir de l'organisation commune de marchés (OCM) fruits et légumes et celle du contenu du second pilier de la future PAC 2014-2020 sont quelques-uns des points encore en débat au sein des producteurs de Légumes de France, a déclaré leur présidente Angélique Delahaye, le 18 novembre. Elle souhaite en tout cas que les producteurs de légumes « ne soient pas une fois de plus les oubliés du système ».