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Le pàturage hivernal est approprié à  la production ovine

Lors du salon Tech-ovin de Bellac (Haute-Vienne), le pàturage hivernal a été présenté comme une technique de réduction des coûts de production, notamment dans le contexte climatique actuel.

file-En ovins, le pàturage hivernal ne pose pas de problème de portance de sols. Et, contrairement aux idées reçues, cela n'a pas d'impact sur la production d'herbe au printemps. © Réussir
En ovins, le pàturage hivernal ne pose pas de problème de portance de sols. Et, contrairement aux idées reçues, cela n'a pas d'impact sur la production d'herbe au printemps. © Réussir
Le contexte climatique de cette année a, encore une fois, révélé tout l'enjeu et l'importance de l'autonomie alimentaire des élevages et de la maîtrise des coûts de production. Si la démarche la plus classique, dans un contexte de moindre production, consiste à  trouver les solutions qui vont permettre de maintenir la production fourragère ou de couvrir les besoins en stocks, il est pourtant plus intéressant, et plus durable, de réfléchir avant tout aux solutions qui permettraient de diminuer ceux-ci et les achats de concentré. « L'allongement des durées de pàturage sur tout ou partie de l'hiver, en exploitant l'herbe au-delà  de ce qui est souvent conseillé est une solution particulièrement intéressante en élevage ovin », commence Éric Pottier de l'Institut de l'élevage, responsable de la ferme expérimentale du Mourier en Haute-Vienne. L'herbe pàturée reste d'ailleurs l'aliment le moins coûteux. Adapter le chargement « Les pàturages d'automne et surtout d'hiver sont moins connus, pourtant ils sont très appropriés à  la production ovine. Contrairement aux bovins, on ne rencontre pas de problèmes de portance de sols avec les moutons. Pourtant, cela fait maintenant près de 15 ans que l'on travaille sur le sujet. Il existe donc un certain nombre de références », ajoute Éric Pottier. Le pàturage hivernal ou du moins l'allongement des périodes de pàturage sur l'hiver est d'autant plus adapté et intéressant que les chargements sont peu élevés. Attention aux idées reçues. Les études réalisées ont permis de constater que faire brouter les brebis l'hiver, n'avait pas d'impact sur la production d'herbe au printemps. En fait on valorise mieux la production de la prairie. L'herbe pousse, même l'hiver De plus, il a été démontré que descendre à  un niveau d'herbe de deux à  trois centimètres ne pénalisait pas l'ingestion. « Quelques centimètres suffisent pour valoriser 400 à  500 kg de matière sèche (MS) par hectare. Dans un grand nombre de régions françaises, on observe une croissance de l'herbe en hiver. Celle-ci est certes modeste mais valorisable. À un demi-centimètre de croissance d'herbe correspond une production de 100 à  200 kg de MS/ha ». L'ajustement du niveau de chargement aux potentialités du milieu s'avère être un levier d'action majeur pour limiter les intrants. Il permet, en effet, d'augmenter la part des fourrages dans la ration, notamment celle de l'herbe pàturée, et en conséquence de réduire les achats d'aliments concentrés. Concernant l'hiver, il est indiqué de ne pas dépasser un chargement de deux à  quatre brebis par hectare si l'on souhaite maintenir le pàturage sur toute la saison et de plutôt les faire tourner sur les parcelles. Qualité et quantité suffisantes « Sauf en cas de neige persistante et en quantité importante, on peut laisser les bêtes dehors tout l'hiver. Sur la ferme expérimentale du Mourier, on procède ainsi et l'on n'a pas observé plus de problèmes qu'en bàtiments », constate Éric Pottier. Ce dernier ne conseille d'ailleurs pas d'affourager ni de complémenter les brebis à  l'extérieur. L'herbe d'hiver présente des qualités satisfaisantes et peu différentes de celles d'automne. Et affourager les animaux serait source de piétinement. Seules de l'eau et une pierre à  lécher sont indispensables. « Il est nécessaire de porter une attention particulière à  l'eau, pour que les animaux en disposent à  volonté. D'autre part, il ne faut pas oublier de piloter l'herbe comme au printemps, mais en se réglant sur de nouvelles hauteurs d'herbe ». Aujourd'hui, les obligations d'implantation de dérobés et couvert pour ne pas laisser des sols nus l'hiver, peuvent également être considérées comme une piste d'allongement du pàturage automnal. Des études restent à  être mises en oeuvre, afin de mieux les connaître. Gain de fourrages Ainsi, augmenter la période de pàturage permet de réaliser des économies de fourrages conservés. On évalue l'économie à  70 % des besoins par rapport à  un hivernage en bergerie. Compte tenu du chargement praticable sur la saison, cela ne concerne bien évidemment qu'une fraction du troupeau, variable selon le chargement global de l'exploitation. « Les consommations d'aliments concentrés sont également diminuées. Sur l'exploitation, avec un chargement de 8 brebis par hectare, on a divisé par deux la quantité de fourrages conservés utilisés. Ce qui n'est pas négligeable, surtout lorsque l'on subit deux sécheresses consécutives », conclut Éric Pottier.
Cyrielle Delisle

Pour en savoir plus : CIIRPO, ferme du Mourier (Haute-Vienne) : 05.55.09.93.47
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