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Le potentiel méconnu de la luzerne

Afin de tendre vers l'autonomie alimentaire, les associés du GAEC la Clé des champs, à  Casteide Candau, se sont spécialisés dans la culture de la luzerne. Mais cette léguminueuse présente aussi un vrai potentiel à  la vente.

file-Les élevages bovins et ovins de la région sont très déficitaires en protéines et en luzerne. Pourtant cette culture présente de nombreux atouts et ses itinéraires techniques sont bien maîtrisés. Au Gaec la Clé des champs, les associés sont convertis © F.
Les élevages bovins et ovins de la région sont très déficitaires en protéines et en luzerne. Pourtant cette culture présente de nombreux atouts et ses itinéraires techniques sont bien maîtrisés. Au Gaec la Clé des champs, les associés sont convertis © F.
Sur les hauteurs de Casteide-Candau, aux confins des Pyrénées-Atlantiques et des Landes, le GAEC la Clé des champs compte une vingtaine d'hectares de luzerne. Une surface peu commune dans notre région. Mais les quatre associés sont convaincus des vertus de cette culture. Pas étonnant donc si cette exploitation a servi de support à  une journée technique sur le sujet, organisée par la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques et le plan d'actions territorial du Gave de Pau, le 12 septembre. L'occasion d'examiner les intérêts de cette légumineuse mais surtout de débattre autour de sa culture et de ses débouchés. Le GAEC compte 175 hectares de surface et un troupeau de quatre vingt vaches Prim'Holstein. Le choix de la luzerne a été motivé par une démarche de conversion en agriculture biologique. Pour les exploitants, c'est aussi un retour aux sources. Aussi une culture de vente
« On a cultivé de la luzerne jusqu'au milieu des années 2000, explique Laurent Chériti. On y est revenu dans le cadre de notre conversion en bio, car on cherchait à  être le plus autonome possible ».
À l'automne 2010, les associés entreprennent donc les semis. « La période idéale pour semer se situe à  la fin de l'été, constate Jean Louis Cazenave. On a réalisé une préparation du sol fine, puis on a semé à  vingt-cinq kilogrammes hectares, avec un passage de rouleau avant et après ».
L'exploitation a démarré dès le printemps dernier, vers mi-avril. « On conseille de laisser, pour la toute première exploitation, la luzerne monter à  floraison et de la broyer en laissant 20 cm de hauteur résiduelle, commente Marie-Claude Mareaux, de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques. Cela permet à  la luzerne de bien s'implanter et prévient le salissement de la parcelle ».
Les associés du GAEC utilisent la luzerne en affouragement en vert, en foin ou en enrubanné. En cette fin d'été, ils parviennent à  leurs quatrième et cinquième fauches, selon les parcelles, pour un rendement total estimé de 7 à  8 tonnes par hectares. « En première année d'exploitation, c'est une récolte correcte. On pourra certainement atteindre plus de dix tonnes par hectares dans les années qui viennent », commente M. Chériti.
Gràce à  l'achat de matériel en CUMA, le GAEC s'est doté des équipements nécessaires à  la culture et à  la récolte. Une remorque autochargeuse permet notamment de récolter les volumes nécessaires à  l'alimentation journalière du troupeau.
Très appétente et riche en fibre, la luzerne est une formidable source de protéines. Actuellement, le troupeau de Prim'Holstein reçoit une ration composée de sorgho ensilage, de foin, complémentée par de la pàture et l'apport de luzerne à  l'auge. « On peut dire que nous nous sommes spécialisés dans la culture de la luzerne », commente Jean Louis Lafitau, un des quatre associés.
Si pour eux, cette production a pour objectif de tendre vers l'autonomie alimentaire, la luzerne peut s'avérer être une culture de vente. C'est sans doute un aspect moins exploré. René Fréchou, agriculteur dans les Hautes-Pyrénées a témoigné de son expérience, dans la production de luzerne, destinée aux éleveurs ovins du piémont pyrénéen. « On a constaté qu'il existait un réel marché auprès des éleveurs, car avec leurs chargements très élevés, ils n'ont pas les moyens de la produire eux-mêmes », explique-t-il.
Ce débouché illustre la complémentarité qu'il peut exister entre l'agriculture de plaine et celle de montagne. Une analyse confirmée par Céline Barrère, du syndicat Ossau-Iraty. Depuis plusieurs années déjà , sa structure se préoccupe de cette problématique. « Il existe un réel potentiel pour structurer des échanges entre producteur-vendeur de matières premières et éleveurs-consommateurs. Il y a une énorme demande, notamment de la part des éleveurs ovins ».
Fabien Brèthes Autonomie
La question de l'autonomie alimentaire s'avère cruciale pour un bon nombre d'élevages ovins et bovins de la région. Par exemple, les producteurs ovins lait du piémont pyrénéen ont des besoins importants en matières premières : céréales, fourrages, mais aussi protéines. Pour la seule zone de l'AOC Ossau-Iraty, les éleveurs achètent annuellement près de cent mille tonnes de matières premières, dont 30 000 tonnes de céréales, 20 000 tonnes de déshydratés et plus de 20 000 tonnes de foin de luzerne. Dans ce contexte, le syndicat souhaite développer la complémentarité plaine-montagne.
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