Légumes bio : des opportunités de diversification
Malgré des coûts de main-d'oeuvre et de mécanisation importants, la culture de légumes bio reste rentable.
Une trentaine d'agriculteurs, majoritairement des producteurs de mais conventionnel, se sont rendus, vendredi 21 octobre, sur l'exploitation de Mireille et Jean-Christophe Juste à Belhade. À l'invitation de la chambre d'agriculture et de la fédération départementale des CUMA des Landes, ils venaient se renseigner sur les diversifications possibles en légumes bio. « Car en bio, on peut faire autre chose que du mais ! », martèle Pierre Jouglain, conseiller à la chambre d'agriculture. L'exploitation des Juste en est une parfaite illustration. Reconvertie en 2000, elle a déjà accueilli mais, lupin, blé, orge, triticales, soja et depuis cette année des carottes et le couple se dit « prêt à de nouvelles expérimentations ».
Les assolements en grandes cultures biologiques, incluant des légumes de plein champ, s'avèrent financièrement intéressants pour les agriculteurs et ce, malgré des coûts de main-d'oeuvre importants. Pour réussir leur culture de carottes, Jean-Christophe et Mireille Juste ont eu recours à 400 heures de main-d'oeuvre à l'hectare. Mais, avec une productivité d'environ 50 tonnes à l'hectare, ce surcoût est compensé par la rentabilité du produit bien supérieure à celle de la carotte conventionnelle.
Seule contrainte : des frais de mécanisation relativement élevés, mais qui eux aussi sont rapidement amortis pour peu que l'agriculteur ait suffisamment de terres disponibles. « Il faut des surfaces importantes, entre 6 et 15 hectares, pour rentabiliser les machines : semoir de précision, bineuse, désherbeuse thermique », précise Pierre Jouglain.
Des besoins locaux importants
Si les producteurs disposent de ces espaces, les contrats ne seront pas difficiles à décrocher. « Le potentiel en légumes plein champ bio est très important, insiste le conseiller agricole. Il y a notamment de la demande pour des pommes de terre et des poireaux. J'ai même eu une proposition d'une coopérative angevine pour 100 hectares de quinoa ». Devant la demande en produit bio, la France importe une grande partie de ses besoins. Elle est déficitaire de 35 % sur l'ensemble des produits bio, et d'au minimum 20 % en fruit et légumes frais.
Michel Bonadéo, directeur de Bio Pays Landais, qui réalise la collecte, le conditionnement et la distribution de produit bio dans le département (et au-delà ) confirme le potentiel de distribution et les importants besoins locaux en légumes frais. Primco, bureau de vente de la marque Priméale serait, pour sa part, intéressé par des carottes bio et éventuellement des poireaux. Arbio, association interprofessionnelle bio d'Aquitaine, souligne de son côté la demande très importante en légumes frais, notamment pour les collectivités.
Nécessité d'une légumerie
Mais pour accéder à ce dernier marché, les producteurs locaux se heurtent à un inconvénient de taille. Les collectivités se retournent, en effet, principalement vers l'Italie ou l'Espagne pour se fournir en légumes prêts à l'emploi (lavés, épluchés, coupés en morceaux). Manque donc localement une légumerie pour répondre à ce besoin.
Mais il pourrait être prochainement comblé. La coopérative Maisadour, dans le cadre de la restructuration de son activité légumes frais, est en train de construire un partenariat avec Agrial, leader sur le marché du légume frais et propriétaire de la marque Florette. « Dans ce cadre-là , nous serions susceptibles de combler ce manque s'il est avéré », dévoile Régis Fournier, directeur des productions contractuelles chez Maisadour.
Cécile Agusti
Cécile Agusti