Les critères d'un bon couvert végétal
Aujourd'hui, l'agriculteur possède un large panel d'espèces en cultures intermédiaires. La prise de décision n'est donc pas toujours aisée et pourtant, bien choisir son espèce, est une des clés de la réussite pour profiter des services d'un couvert développé. Ce dernier apporte une bonne protection du sol, exerce une concurrence très forte sur les adventices, évite le lessivage des nitrates dans la nappe tout en restituant à la rotation un maximum d'azote et de la matière organique au sol, sans pénaliser la culture suivante
La moutarde blanche est le couvert le plus utilisé en raison de certains atouts : coût limité des semences, implantation et destruction faciles, bon piège à nitrate © Réussir
Il existe de nombreux critères agronomiques pour déterminer son couvert, mais certains sont essentiels tels que la rotation, la culture suivante, la date de semis et la valorisation ou non en fourrages (toutes les espèces de couverts ne présentent pas d'intérêt en production fourragère. Sont à privilégier avoine, vesce, navette ou ray-grass d'Italie)», note Marion Pottier d'Arvalis-Institut du végétal.
Lorsque certaines cultures reviennent souvent dans la rotation, il faut éviter d'implanter un couvert de la même famille car il peut favoriser le développement de certains ravageurs ou de maladies. «Dans le cas, par exemple, d'un retour fréquent du colza (tous les 3 à 4 ans), les couverts de crucifères sont à écarter (risque de hernie des crucifères). Dans le cas de rotation chargée en pois, il est préférable d'éviter certaines légumineuses à cause du risque aphanomycès (lentilles, certaines variétés de vesces)», poursuit Marion Pottier.
Tenir compte des rotations
Il faut également prendre en compte la culture suivante, car certaines cultures intermédiaires se comportent comme un mauvais précédent. C'est le cas notamment des couverts de graminées (détruit tardivement) avant un blé ou de l'orge. La date de semis joue également un rôle. Moins d'espèces sont adaptées à un semis tardif par rapport à un précoce (début août).
D'autres paramètres vont, par ailleurs, influer le choix tels que le prix des semences, les coûts liés à l'implantation et à la destruction, ainsi que les services rendus (restitution d'azote, source de fourrages, contrôle parasitaire). De plus, selon l'azote minéral disponible ou l'humidité du sol, les parcelles ne favorisent pas toujours la croissance des cultures intermédiaires.
L'intérêt des mélanges
«Le mélange de plusieurs espèces représente également une stratégie intéressante pour tirer parti des couverts et ce, notamment, lors d'années difficiles. Des associations incluant des légumineuses et des non-légumineuses sont à privilégier car elles concilient piégeage d'azote, couverture des sols et fourniture d'azote à la culture suivante», explique Marion Pottier. Les mélanges les plus courants sont des binaires. Ils associent une légumineuse à une graminée ou à une crucifère.
Cependant, quelques règles sont à respecter en plus des principes de bases (contraintes agronomiques) pour tirer le maximum de bénéfices de ces associations: la dose de semis est à adapter en fonction du nombre d'espèces dans le couvert et de l'objectif recherché. Il faut faire attention aux couverts trop étouffants (comme la moutarde). Radis, phacélie et avoine sont plus adaptés.
Enfin, il est important de favoriser des espèces avec des semences de taille sensiblement identique pour limiter le phénomène de sédimentation dans le semoir et, surtout, pour placer chaque type de semence à une profondeur adaptée, à moins de semer en deux fois ou de disposer d'un dispositif de double distribution sur le semoir.
Cyrielle Delisle
Fiches de synthèsePour aider dans le choix des couverts, Arvalis a sorti sur son site internet des fiches synthétiques présentant les cultures intermédiaires espèce par espèce. L'accent est mis plus particulièrement sur la facilité d'implantation et de destruction des différents couverts. Vous pourrez également trouver des règles concernant les mélanges d'espèces de couverts.