Les femmes, force vive du monde rural
L’Anefa a organisé avec l’Agrocampus 64 «Les Agricultur’elles» pour mettre en avant la place des femmes dans le milieu agricole.
L’Anefa a organisé avec l’Agrocampus 64 «Les Agricultur’elles» pour mettre en avant la place des femmes dans le milieu agricole.
Dans la continuité de la journée internationale des femmes rurales, l’Agrocampus de Montardon a accueilli le jeudi 20 octobre les Agricultur’elles. Une journée dédiée à la place des femmes dans le secteur agricole qui prend une importance significative au regard de l’actualité, comme l’a rappelé Guy Sommier, directeur de l’Agrocampus 64. En présence d’Émilie Pélissier-Séverac, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité, la matinée s’est articulée autour de témoignages puis de tables rondes devant des élèves des lycées agricoles du département.
L’engagement multiple de Nadège Poueymirou-Bouchet, qui a pris la parole en introduction, a attesté l’implication des femmes dans les territoires ruraux. Cette cogérante d’exploitation bovin lait est présidente de la commission agricultrice de la FDSEA et maire de la commune de Lys, en vallée d’Ossau. Elle a rappelé que si «les femmes ont tenu les campagnes pendant la guerre» et que la FNSEA crée sa première commission féminine en 1957, il faut attendre 1961 pour que le mot agricultrice soit introduit au Larousse, puis 1985 pour trouver un statut juridique à travers l’EARL. Et enfin 2017 pour une présidente à tête de la FNSEA avec l’élection de Christiane Lambert.
«Il est où le patron ?»
Quatre femmes aux profils et expériences très variés ont aussi démontré que les compétences et les capacités ne sont pas une affaire de genre. Toutes ont témoigné d’une réelle aptitude à l’ensemble des tâches agricoles, précisant que même les travaux nécessitant de la «force» ne sont pas un frein.
Malgré tout, il faut encore se battre contre certaines représentations, comme la relégation au titre «d’épouses d’agriculteurs». Elles adoptent alors des stratégies différentes selon leur sensibilité. Devant un commercial qui demande «il est où le patron?», Sandrine, qui dirige une exploitation de myrtilles bio, répondra simplement pour s’en débarrasser qu’il n’est pas là, alors que Valérie, ancienne infirmière en réanimation pendant 10 ans et reconvertie en cheffe d’exploitation aux côtés de son époux, s’affirmera par un «c’est moi».
Léa relève pour sa part les blagues et remarques sexistes, notamment durant son expérience dans une bananeraie en Martinique. Julie, qui travaille dans une exploitation porcine s’est, quant à elle, insérée dans le milieu professionnel sans difficulté et perçoit une évolution générationnelle concernant les préjugés.
De solides ressources
Les nouvelles générations bousculent ces représentations et six étudiantes en BTSEA du lycée de Montardon, qui ont remporté le trophée international de l’enseignement agricole en 2021, en sont l’illustration. Elles montrent, dans leur vidéo drôle et dynamique “Les demoiselles de Montardon”, qui a été projetée pendant la première table ronde, que les différentes facettes de leur métier (soins des animaux mais aussi mécanique, électricité, informatique…) sont accessibles aux femmes et qu’elles ont de solides ressources.
Les statistiques présentées lors de la dernière table ronde dépeignent l’activité de plus en plus prépondérante des agricultrices dans les exploitations. Elles représentent en effet 31% du travail agricole, avec un quart des postes de direction. 41% des créations postes en 2018 ont été pourvus par des agricultrices. Ces évolutions devraient aider les filles à se projeter vers les métiers agricoles d’autant plus qu’elles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons au passage des examens agricoles.
La nécessité de faire bouger les représentations est rappelée par Émilie Pélissier-Séverac en conclusion de la matinée en ramenant à une dure réalité : «Les féminicides se déroulent à 50% dans un environnement rural (N.D.L.R. : pour 33% de la population)» et de rappeler le 3919 numéro d’urgence d’écoute national pour les femmes victimes de violence.
Des élèves et demandeurs d’emploi ont pu explorer l’univers professionnel agricole en participant l’après-midi à des ateliers ludiques (escape game, simulateur de conduite d’un tracteur, visites des infrastructures du lycée).
Fabrice Héricher