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Les producteurs de légumes réclament une concurrence loyale

En congrès national à  Bordeaux, les producteurs de Légumes de France ont demandé au ministre de l'Agriculture de garantir les conditions d'une concurrence loyale en Europe et vis-à -vis des produits importés de pays tiers. Le coût du travail, les produits phyto et l'information aux consommateurs sont en première ligne.

file-Bruno Le Maire a fait le déplacement à  Bordeaux à  l'occasion du congrès des producteurs de Légumes de France qui s'est déroulé dans le cadre du Sifel et présidé par Angélique Delahaye. © Réussir
Bruno Le Maire a fait le déplacement à  Bordeaux à  l'occasion du congrès des producteurs de Légumes de France qui s'est déroulé dans le cadre du Sifel et présidé par Angélique Delahaye. © Réussir
Le marché unique européen, soit, mais pas la concurrence déloyale ! Le 1er décembre, les producteurs de Légumes de France, réunis en congrès national à  Bordeaux dans le cadre du salon Vinitech-SIFEL, ont livré leur feuille de route à  Bruno Le Maire pour réduire les distorsions de concurrence qui gèlent leur compétitivité. Ils réclament du ministre de l'Agriculture, venu à  Bordeaux, les conditions d'une concurrence loyale à  l'intérieur de l'Union européenne (UE) et vis-à -vis de produits importés de pays tiers comme la tomate marocaine. « Compte tenu de l'acuité de la concurrence au sein de l'Europe, il faut agir () dès 2011 », a lancé devant 300 congressistes Angélique Delahaye, présidente de Légumes de France. Charges sociales : à  moitié du gué Après avoir obtenu du gouvernement l'exonération totale des charges sociales patronales sur les travailleurs saisonniers, Légumes de France souhaite la généralisation de cette mesure aux salariés permanents. Cet allégement sur le travail saisonnier a permis de ramener le coût horaire à  9,29 euros contre 6 euros en Allemagne, soit une réduction d'un euro par heure de travail en France. Bruno Le Maire est favorable à  la généralisation de la mesure, reconnaissant avoir fait « la moitié du chemin ». Mais de préciser immédiatement : « Cette question dépasse le seul secteur agricole et concerne tous les autres. Elle est donc délicate à  traiter. » Une mission parlementaire sur la réduction du coût du travail permanent vient d'être confiée au député des Bouches-du-Rhône Bernard Reynès, conformément aux dispositions inscrites dans la loi de modernisation de l'agriculture (LMAP). Elle rendra ses conclusions avant juillet 2011. Hypocrisie sur les phyto La réglementation française sur les produits phytosanitaires constitue une deuxième distorsion de concurrence majeure pour Légumes de France. Plus stricte que dans d'autres États européens, elle interdit l'usage de certains produits de traitement autorisés ailleurs dans l'Union. Mais au nom de la libre circulation intracommunautaire des biens, des légumes traités avec ces produits en Belgique par exemple vont revenir dans l'assiette du consommateur français. Cette hypocrisie peut coûter cher en terme de revenu selon Angélique Delahaye. Elle dénonce déjà  l'existence d'impasses techniques. La présidente de Légumes de France demande « du temps » pour expérimenter des solutions alternatives à  la chimie dans certains cas et espère « une pause du Grenelle de l'environnement », prenant au mot Nicolas Sarkozy. Le chef de l'État a fixé cette perspective lors du dernier Salon de l'Agriculture (SIA). Les producteurs réclament aussi de rapides dérogations sur certaines préparations pour continuer à  utiliser le TOPSIN sur l'endive et le poireau par exemple. Enfin, ils espèrent une mise en oeuvre « sans délais » de la relative harmonisation européenne sur les produits phyto, qui entrera en vigueur le 14 juin 2011 et qualifiée par Bruxelles de « reconnaissance mutuelle ». Harmonisation européenne ? En fait, ce principe permet une harmonisation des autorisations d'usage de produits chimiques de traitement des cultures. Il consiste en « un partage de l'évaluation d'un produit par un État membre avec les autres États membres », explique Jean-Claude Malet, expert à  la direction générale de l'alimentation (DGAL) du ministère de l'Agriculture.  Il permet ainsi aux États membres de ne pas renouveler la même évaluation et ces derniers conservent la décision d'autoriser ou non le produit. Mais dans le cas d'un refus, ils doivent le notifier et le justifier à  la Commission européenne. Quant à  la « pause environnementale » en France, Bruno Le Maire l'explicite en ces termes : « Si nous sommes les seuls à  être les plus vertueux dans un monde ouvert, nous nous tirons une balle dans le pied. À marché unique, règle unique ! » Le ministre devrait enfin accorder une dérogation sur le produit « dichloropropène » en attendant que Bruxelles ne bloque plus son autorisation : une urgence pour les producteurs de carottes. Par ailleurs, une concurrence loyale passe par un affichage clair de l'origine France des produits et de tout ce qu'elle implique en terme de manière de produire pour Légumes de France. « Le consommateur doit savoir que les règles de production ne sont pas les mêmes entre un produit français et d'autres. Quand il saura, peut être que cette information le touchera dans quelques-uns de ses principes éthiques », martèle Jean Sales, président de la commission innovation accessibilité à  Interfel (Interprofession fruits et légumes frais). Règles d'affichage Le Code de la consommation français stipule d'ailleurs que toute l'information doit être donnée au consommateur afin qu'il puisse choisir. « Il doit y avoir un affichage clair sur les produits qui respectent ou pas la réglementation française en matière environnementale, sanitaire et sociale », renchérit Angélique Delahaye. Là  encore il s'agit de jouer avec le droit européen de la concurrence. Mais selon la présidente de Légumes de France : « Le bio et les circuits courts ne doivent pas être un alibi au niveau national pour ne rien faire sur le reste » en terme de valorisation de l'origine France. Bruno Le Maire leur a répondu sur le plan international, affirmant que dans les négociations de l'UE avec le Mercosur (Amérique du Sud) et à  l'OMC, la France n'ira « pas plus loin » : « On ne peut pas demander aux producteurs français de respecter des normes contraignantes et leur dire qu'on va ouvrir toutes grandes nos frontières à  des produits qui ne les respectent pas ! Ce n'est pas du protectionnisme, c'est de la justice et de l'équité, et le respect d'un minimum de réciprocité dans les échanges ! » En chiffres La France est le troisième pays producteur de légumes de l'Union derrière l'Espagne et l'Italie. Elle compte 40.000 exploitations légumières employant 80.000 équivalents temps plein (ETP).
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