Les ravages du blaireau en rase campagne
Les Fédérations des chasseurs et les chambres d'agriculture s'inquiètent de la recrudescence des dégàts occasionnés par les blaireaux sur les parcelles de mais. Afin de remédier à ce phénomène, elles invitent les agriculteurs concernés à déclarer leurs préjudices.
Les dégàts occasionnés par les blaireaux sont très spécifiques. Ils lacèrent les épis avec leurs griffes tandis que les sangliers ont tendance à écraser le mais © Le Sillon
La faune sauvage ne prend pas de vacances Le mois d'août est marqué par une recrudescence des préjudices sur les cultures, notamment le mais, liés à la présence de sangliers ou de blaireaux. Cependant, les problèmes ne s'arrêtent pas là . Le paysage agricole régional, très varié, ainsi que l'omniprésence de la culture de mais, assure en effet gîte et couvert à un grand nombre d'espèces. Pour l'heure, seuls les dégàts causés par les grands gibiers (sanglier, chevreuil et cerf) font l'objet d'indemnisations de la part des Fédérations départementales des chasseurs.Premier responsable des nuisances, le sanglier est à l'origine d'environ 90 % des dégàts indemnisés dans les Pyrénées-Atlantiques (200 hectares environ par an dont les deux tiers sur mais). « Même s'il existe encore quelques points sensibles, sur des cantons limitrophes des Landes, la situation est plutôt stable et bien maîtrisée dans le département », confie Christian Peboscq, chargé de mission à la Fédération des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques. Dans les Landes, la situation demeure plus contrastée (voir encadré ci-dessous).Au-delà du grand gibier, les dommages provoqués par les autres espèces ne donnent donc accès à aucune forme d'indemnisation. Et c'est là que le bàt blesse. Le cas du blaireau est symptomatique de cette problématique. « Depuis deux ou trois ans, nous assistons à une forte augmentation des dommages engendrés par les blaireaux La situation est aujourd'hui très inquiétante », témoigne Christophe Cousso, de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques. Dans le département des Landes, l'état des lieux est similaire. Même constat aussi à la Fédération des chasseurs, où l'on déplore surtout le manque de moyen de régulation.En effet, depuis l'arrêté ministériel de septembre 1988, le blaireau n'est plus classé dans la catégorie des nuisibles. Aujourd'hui, dans les Pyrénées-Atlantiques, en dehors de quelques autorisations administratives de destruction délivrées ponctuellement par le préfet, l'espèce demeure très peu régulée. En outre, « ces quelques autorisations restent largement insuffisantes », estime-t-on chez les chasseurs. Surtout dans la mesure où cet animal n'est quasiment plus chassé, seul le déterrage étant possible. Or, vu la difficulté de cette pratique (terriers profonds, rocheux, en pente) et le risque de blessures ou de perte de chiens, la vénerie sous terre du blaireau est très peu pratiquée dans notre région.Dans les Landes, des dérogations préfectorales autorisant le piégeage encadré par un lieutenant de louveterie sont accordées lorsque des dégàts sont déclarés. « Cependant, ce dispositif est méconnu », déplore Benoît Rémond, chargé de mission à la FDGDON1 des Landes. Bilan : les agriculteurs ne disposent que de bien peu de moyens de régulation pour prévenir les dégàts de cette espèce. D'autant que le blaireau ne connaît pas de prédateurs dans le Sud-Ouest, que la rage a disparu et que le gazage ou l'empoisonnement des terriers sont interdits de longue date.« Les agriculteurs font naturellement appel à nous, mais nous sommes aujourd'hui dans une impasse car techniquement démunis, ce qu'ils ont du mal à admettre, conclut Christian Péboscq. Il devient urgent que tous les acteurs de ce dossier mesurent l'ampleur du problème, car faute de réponses efficaces et légales, les victimes ne peuvent laisser détruire leurs récoltes sans réagir. Ce qui peut entraîner des comportements répréhensibles et non souhaitables, tels le recours à des moyens de lutte d'un autre àge, aujourd'hui prohibés. Il ne s'agit pas de porter atteinte au blaireau, mais bien de pouvoir se protéger contre les individus qui commettent des dégàts ». Et la hausse récente du prix des céréales ne devrait pas être de nature à calmer la grogne des agriculteurs sinistrés 1. Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles.
Fabien Brèthes D'AUTRES PROBLEMATIQUESLes déclarations de dégàts indispensablesLes blaireaux et les sangliers ne sont pas les seules espèces responsables de dégàts sur des productions agricoles. Les ragondins ou les corneilles peuvent arracher les semis de mais, parfois sur des hectares entiers. Ces dernières étant également, en compagnie du renard, la cause de certaines mortalités dans les élevages de volailles et de palmipèdes.
En 2009, ce sont ainsi plus de 400 000 euros de dégàts non indemnisables qui ont été déclarés à la fédération des chasseurs et à la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques, alors que dans le même temps, ce montant s'élevait à 381 000 euros dans les Landes. Toutefois, « on est encore loin du compte, estime Christian Péboscq. Peu d'agriculteurs déclarent réellement leurs préjudices car ils n'en voient pas l'intérêt, n'étant pas indemnisés ». Pourtant, même si cette démarche ne donne pas accès à un dédommagement, l'enjeu est de taille. Il consiste à peser sur les arrêtés pris annuellement par le préfet en terme de classement des espèces nuisibles.
Des réunions d'information dans les Landes Le département des Landes doit faire face, encore aujourd'hui, à une croissance exponentielle de la population de sangliers. La tempête Klaus, n'a rien arrangé en cela. Cette situation a poussé la fédération des chasseurs à établir un plan de gestion spécifique, dès 2009. La démarche prévoit une série de mesures, dont l'agrainage et la dissuasion en période de semis de mais. Malgré tout, la situation demeure très délicate dans certaines zones du département. La grande quantité de déclarations de dégàts, qui lui sont parvenues jusqu'à aujourd'hui, rend pessimiste la fédération des chasseurs, pour cette campagne 2010. Face à ce contexte, elle prévient que des solutions devront être trouvées afin de continuer à assumer les indemnisations de manière cohérente.
Afin de sensibiliser agriculteurs et chasseurs à ces sujets, trois réunions d'information sont prévues début septembre (horaires fixés à 19 heures) le 7 septembre à Morcenx, le 8 septembre à Sabres et le 9 septembre à Souprosse.
En 2009, ce sont ainsi plus de 400 000 euros de dégàts non indemnisables qui ont été déclarés à la fédération des chasseurs et à la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques, alors que dans le même temps, ce montant s'élevait à 381 000 euros dans les Landes. Toutefois, « on est encore loin du compte, estime Christian Péboscq. Peu d'agriculteurs déclarent réellement leurs préjudices car ils n'en voient pas l'intérêt, n'étant pas indemnisés ». Pourtant, même si cette démarche ne donne pas accès à un dédommagement, l'enjeu est de taille. Il consiste à peser sur les arrêtés pris annuellement par le préfet en terme de classement des espèces nuisibles.
Des réunions d'information dans les Landes Le département des Landes doit faire face, encore aujourd'hui, à une croissance exponentielle de la population de sangliers. La tempête Klaus, n'a rien arrangé en cela. Cette situation a poussé la fédération des chasseurs à établir un plan de gestion spécifique, dès 2009. La démarche prévoit une série de mesures, dont l'agrainage et la dissuasion en période de semis de mais. Malgré tout, la situation demeure très délicate dans certaines zones du département. La grande quantité de déclarations de dégàts, qui lui sont parvenues jusqu'à aujourd'hui, rend pessimiste la fédération des chasseurs, pour cette campagne 2010. Face à ce contexte, elle prévient que des solutions devront être trouvées afin de continuer à assumer les indemnisations de manière cohérente.
Afin de sensibiliser agriculteurs et chasseurs à ces sujets, trois réunions d'information sont prévues début septembre (horaires fixés à 19 heures) le 7 septembre à Morcenx, le 8 septembre à Sabres et le 9 septembre à Souprosse.