Un rapport pointe les risques sanitaires de la viande artificielle
La viande artificielle présente-t-elle des risques pour la santé humaine ? C’est la question à laquelle tente de répondre un passionnant rapport «de vigilance» de l’École de guerre économique (EGE), qui forme des cadres et des étudiants à la pratique de l’intelligence économique. Ce document, d’une cinquantaine de pages, s’appuie sur des études scientifiques et des entretiens avec des experts, pour pointer du doigt les menaces, souvent occultées, que fait peser la production de “viande cellulaire” sur la santé humaine mais fait aussi apparaître les efforts insidieux des promoteurs de cette industrie pour lever les obstacles réglementaires et sanitaires qui se dressent devant elle.
La viande artificielle présente-t-elle des risques pour la santé humaine ? C’est la question à laquelle tente de répondre un passionnant rapport «de vigilance» de l’École de guerre économique (EGE), qui forme des cadres et des étudiants à la pratique de l’intelligence économique. Ce document, d’une cinquantaine de pages, s’appuie sur des études scientifiques et des entretiens avec des experts, pour pointer du doigt les menaces, souvent occultées, que fait peser la production de “viande cellulaire” sur la santé humaine mais fait aussi apparaître les efforts insidieux des promoteurs de cette industrie pour lever les obstacles réglementaires et sanitaires qui se dressent devant elle.
Le rapport de l’École de guerre économique (EGE) relève d’abord que si l’agriculture cellulaire fait couler beaucoup d’encre, la validation scientifique de ses avantages supposés manque cruellement. Alors que plus de 12.000 articles de presse ont été consacrés à ce sujet en 2020, seulement 300 études scientifiques ont été recensées sur le sujet dans le même temps.
Sur ce nombre, une très faible proportion s’intéresse à la mesure des risques associés à la consommation de viande cellulaire. «Le manque de recherches approfondies liées à la caractérisation des dangers et des risques de la viande cultivée constitue le plus grand obstacle à l’introduction d’un produit sûr sur le marché», estime d’ailleurs Linsay Ketelings, de l’Université de Maastricht, l’une des trop rares chercheuses à s’intéresser à ce sujet, citée dans le rapport.
Hormones de croissance, sérum fœtal, additifs…
Les risques sanitaires de la viande cellulaire sont pourtant loin d’être négligeables, à commencer par ceux induits par le processus même de production. Celui-ci consiste à prélever des cellules et à les faire se multiplier au sein d’un environnement enrichi en facteurs de croissance dans des bioréacteurs. Or les deux techniques disponibles, le prélèvement sur des tissus animaux et l’utilisation de «lignées cellulaires» sont sujettes à caution.
La première présente un risque de contamination par les animaux. Quant aux lignées cellulaires immortelles capables de proliférer indéfiniment, elles s’obtiennent soit par la modification génétique ou chimique de cellules soit par la sélection de mutations spontanées. «Dans les deux cas, l’innocuité n’est pas assurée», assure le rapport puisqu’il s’agit de cultiver des cellules cancérigènes pouvant avoir des pouvoirs tumorigènes.
Les risques sanitaires liés à l’utilisation de facteurs de croissance lors de la fabrication ne sont pas moins préoccupants. Reconnu par l’Union européenne comme un facteur à risque pour la santé publique, le recours à l’injection d’hormones est interdit pour la production de viande en Europe depuis 1981 et donc prohibée en Europe. Aucune donnée n’étant publiée par les industriels concernés à propos de la concentration finale des hormones dans la «viande» cellulaire avant la commercialisation, «un risque grave de santé publique n’est pas à exclure», souligne le rapport.
Les auteurs s’inquiètent également de la composition du milieu de culture, qui comporte régulièrement du sérum fœtal bovin (SFB). Son utilisation étant très controversée d’un point de vue éthique, les industriels du secteur étudient actuellement le recours à un concentré de protéines extrait de plantes modifiées génétiquement (OGM) «sans que nous sachions quelles pourraient être les conséquences sur notre santé», note le rapport.
Le Royaume-Uni pousse à la roue
En dépit des dangers bien réels que fait peser la viande cellulaire — auquel il faut ajouter le probable ajout d’additifs pour compenser certaines carences en nutriments —, le rapport craint que les intérêts en jeu ne facilitent la levée des restrictions actuelles. «Certains pays mettent en place une véritable stratégie de course à la réglementation, afin de leur permettre d’attirer des entreprises qui capteront ensuite les profits de ce marché estimé à plusieurs milliards d’euros», écrivent les rapporteurs. Un récent article du Guardian soulignait ainsi les velléités du Royaume-Uni à devenir un leader mondial de la production de viande cellulaire en devançant l’Union européenne concernant les autorisations de mise sur le marché.
En outre, certains pays se montrent laxistes en ce qui concerne ces autorisations de mise sur le marché. À titre d’exemple, la viande cellulaire pourrait bénéficier d’une faille réglementaire aux États-Unis, en vertu de la réglementation Generally Recognized As Safe (GRAS) de la Food and Drug Administration (FDA), qui permet aux entreprises d’engager leurs propres experts pour évaluer leurs produits, souvent en secret, sans en informer le public ou la FDA. «Dans la mesure où certains pays semblent prêts à négliger l’aspect sanitaire de leur production pour vendre leurs produits, l’Union européenne court le risque d’être inondée de produits néfastes pour la santé tant ses frontières peuvent être poreuses», s’alarme le rapport.