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Un record de liège levé en 2021 dans les forêts landaises

En 2021, 19 tonnes de liège ont été levées dans les forêts du Sud-Ouest, principalement sur la côte sud des Landes et les territoires du Maremne et Marensin. C’est un nouveau record pour l’association le Liège Gascon qui a tenu son assemblée générale il y a quelques semaines et compte poursuivre sur cette dynamique. Cette structure, créée en 2005 par les industriels régionaux encore en activité, s’est donné pour mission de relancer l’exploitation du chêne-liège afin de préserver et valoriser ce patrimoine délaissé.

file-La récolte du liège par écorçage est une opération manuelle ancestrale, réalisée en été, qui nécessite force et dextérité.
La récolte du liège par écorçage est une opération manuelle ancestrale, réalisée en été, qui nécessite force et dextérité.

Sur les 19 tonnes récoltées, 15 l’ont été dans les Landes, le reste de la ressource ayant été levée en Lot-et-Garonne et en Gironde. Ces territoires sont ceux où sont installées les sociétés de transformation Agglolux, Au Liègeur, Âme du Liège, HPK, Sylgéco et Ducasse-Buzet, qui travaillent de concert au développement du liège et des suberaies (forêts composées de chênes-lièges).

La campagne 2021 a permis également la formation de nouveaux leveurs. Organisée avec l’aide de l’association des Entrepreneurs de travaux forestiers de Nouvelle-Aquitaine et dispensée par le référent technique Julien Goullier-Lagadec accompagné de Guillaume Laborde, responsable de production de l’entreprise Ducasse-Buzet, elle a permis de former huit nouveaux stagiaires. Ces derniers ont rejoint les leveurs de la coopérative Alliance, partenaire de la filière, ainsi que ceux déjà formés précédemment pour prendre part à la levée de 2021. Les nouveaux opérateurs sont d’ores et déjà volontaires pour participer activement à la prochaine récolte, dans quelques mois.

Le frein de la main-d’œuvre

La levée du liège par écorçage est une opération ancestrale qui nécessite force et dextérité. Réalisée manuellement à l’aide d’une hache spéciale, cette récolte ne peut avoir lieu que durant l’été, tous les dix ans au minimum lorsque l’arbre est adulte.

Parce que la disponibilité de la main-d’œuvre est un frein important à l’expansion de la filière, le Liège Gascon a souhaité tester la mécanisation. L’investissement s’est porté sur la seule machine disponible à ce jour sur le marché. Les premiers résultats sont encourageants avec un gain économique allant jusqu’à 40% pour certaines parcelles, une diminution des blessures aux arbres et un confort de levée accru pour le leveur.

L’année 2021 a été marquée ensuite par la finalisation du programme AMI (Appels à manifestation d’intérêt) déployé par la filière, qui s’est étalé sur trois ans. En 2019, le Liège Gascon avait mobilisé ses partenaires techniques (Office national des forêts, Centre régional de la propriété forestière Aquitaine, chambre d’agriculture des Landes) et financiers (communauté de communes MACS, conseil départemental, conseil régional) pour répondre à l’AMI national visant à déployer des projets territoriaux autour de la filière forêt-bois, lancé par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Le projet «diversification biologique et économique des pinèdes par le chêne-liège» avait été retenu.

Un potentiel réel

Ce programme a comporté plusieurs volets. L’un d’eux a consisté à dresser un inventaire de la ressource dans la zone Maremne et Marensin, avec la mise en place d’une animatrice chargée de cette mission au sein de la chambre d’agriculture. Ce travail a consisté en une phase de recensement des parcelles qui contiennent des arbres pouvant potentiellement être exploités, mais aussi de sensibilisation des propriétaires privés vis-à-vis des intérêts de valoriser les chênes-lièges.

En parallèle, des démarches de détection des chênes-lièges par drone ont été réalisées en forêt privée, via l’entreprise de conseil et de gestion forestière, SylGéCo, dirigée par Julien Goullier-Lagadec. L’ONF a également procédé à un inventaire des arbres dans ses forêts en gestion. L’organisme public a également mené à bien des opérations expérimentales autour de la régénération de suberaies et le développement d’itinéraires sylvicoles associant pins maritimes et chênes-lièges.

Modèle économique fragile

Dans leur globalité, les travaux ont conforté les convictions selon lesquelles il existe une ressource non négligeable, présentant un vrai potentiel de valorisation, dans les forêts de la région. Mais encore faut-il parvenir à planifier la récolte sur le long terme de façon à contribuer de façon significative à l’approvisionnement de la filière.

L’étude réalisée au niveau de Liège Gascon a mis en évidence la fragilité du modèle économique envisagé, du fait, essentiellement, du nombre important de parcelles restant à remettre en production.

Pour autant, face aux enjeux climatiques, la région Nouvelle-Aquitaine s’inscrit définitivement comme terre d’avenir des suberaies. «Le potentiel de nos forêts gasconnes est réel, l’expression de leur plein potentiel ne passera que par un travail en commun, préservant ainsi les intérêts de chacun tout en assurant le développement du liège», commente la présidente Delphine Ducasse (dirigeante de l’entreprise Ducasse-Buzet).

F. Brèthes

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