Vasconia : la pomme croque le marché local
Les six derniers producteurs de pommes de la Scaap Kiwifruits espèrent tirer profit du phénomène locavore et éco-responsables pour séduire la clientèle locale. Avec la démarche Vasconia, ils veulent valoriser leur production dans les circuits de commercialisation courts, de la vente directe aux GMS locales.
Les producteurs Vasconia seront présents sur le marché des producteurs de pays (MPP) de Benquet dans les Landes le 23 octobre prochain de 19h00 à 23h00
À la grande époque, la coopérative d'Amou dans les Landes regroupait plusieurs dizaines de producteurs de pommes. Fusionnée depuis 2006 avec la Scaap Kiwifruits de France, elle n'en compte aujourd'hui plus que six, installés dans le sud des Landes et les Pyrénées-Atlantiques. La concurrence mondiale sur ce fruit cultivable pratiquement n'importe où, a fait chuter son prix, laissant de nombreux vergers à l'abandon. Mais les six arboriculteurs restants entendent bien résister à la lame de fond qui voudrait faire disparaître de la région un fruit qui y est pourtant implanté depuis l'Empire romain
Stopper la dégringolade
Suite à une réflexion menée depuis un peu plus d'un an, Jean-Louis Tissier (Lahontan), Laurent Bossert (Le Frêche), Loic et Jean-Louis Destaillats (Monségur), Claude Coustille (Aussevielle), Jean-Pierre Lasbistes et Régis Durand (Gouze) ont créé l'association Vasconia, avec l'idée de mieux valoriser leur production. « Avec nos 60 hectares de vergers et nos 2.000 tonnes de production annuelle, nous ne sommes pas des poids lourds de la pomme », souligne Jean-Pierre Lasbistes, qui a pris la tête du groupement. En conséquence, les fruits vendus par Prim'land (bureau de vente de la Scaap Kiwifruits) partout dans le monde ont du mal à tirer leur épingle du jeu.
Depuis plusieurs années, le prix payé aux producteurs ne cesse de baisser. Les membres de Vasconia ont donc décidé de changer de stratégie. L'option choisie est radicale. Fini de faire voyager leurs pommes à travers toute l'Europe, et même jusqu'au confins de l'Asie. Souhaitant profiter pleinement du phénomène locavore, ils ont décidé de réorienter leur production vers le marché local. « Cela nous permettra de faire des économies sur le transport. Et nous espérons aussi que les consommateurs seront prêts à payer un peu plus cher pour des pommes produites à côté de chez eux », explique ainsi Jean-Pierre Lasbistes.
Ne négliger aucun mode de commercialisation
Pour augmenter leur marge, les six producteurs proposent déjà la vente directe d'une partie de leurs fruits sur leurs exploitations. Mais en lançant la démarche Vasconia, ils espèrent irriguer tous les circuits de distribution locaux : AMAP, comités d'entreprise, restauration collective, marchés, magasins spécialisés et même GMS. Anita Lance, l'animatrice de l'association chargée de la prospection, a déjà convaincu l'enseigne Leclerc d'accueillir Vasconia dans ses rayons, et d'autres devraient suivre prochainement.
Les producteurs de Vasconia misent sur une démarche éco-responsable pour séduire les consommateurs. La charte de certification mise en place en 2010 et contrôlée par un organisme indépendant atteste notamment de la mise en place de moyens de lutte biologique chaque fois que cela est possible (pièges à phéromones, nichoirs à mésanges) et d'une cueillette à la main par du personnel formé. Diversité et biodiversité
Les producteurs de pommes sont également attachés à la biodiversité et cultivent de multiples variétés. «Nous avons trois variétés phares : la Chantecler, la Rubinette et la Délisdor, souligne le président du groupement. Ce sont des variétés rustiques avec une valeur gustative plus élevée. Mais pour répondre aux goûts de tous les consommateurs, nous cultivons aussi la Royal Gala, la Fuji, la Reinette grise du Canada, la Granny Smith »
Les méthodes de travail sont identiques dans chaque verger pour assurer une production homogène. Ainsi, en achetant une pomme stickée Vasconia (ancien nom de la Gascogne), « le consommateur sera toujours sûr de trouver une pomme de qualité, une pomme avec une identité, une pomme de notre pays ».
Cécile Agusti